Les femmes s'impatientent au Synode... et en dehors

La manière dont la question des femmes dans l’Église est abordée durant le Synode suscite nombre de mécontentements. La journée du 18 octobre a marqué un pic en la matière, avec une rencontre vécue comme très décevante, car sans possibilité de débats. Le même jour, sur le Tibre, une action coup d’éclat a eu lieu, avec des ordinations de femmes non autorisées.

Le rôle de la femme dans l’Église catholique n’est pas un sujet officiel du Synode sur la synodalité. Il a cependant été remis sur la table des discussions suite à des interpellations des membres de l’assemblée. Des rencontres avec les experts des dix groupes d’étude institués par le pape pour traiter des questions plus ‘délicates’, comme le diaconat des femmes, ont finalement été accordées par la direction du synode il y a deux semaines, après que de nombreux participants ont demandé la possibilité d’échanger sur ces questions controversées.

Le cardinal Fernandez a déçu les femmes du Synode

Le 2 octobre 2024, le dicastère pour la Doctrine de la foi (DDF) a annoncé qu’un document magistériel sur le rôle de la femme dans l’Église était en préparation. Une rencontre a ensuite était organisée le 18 octobre, entre une centaine de participants au Synode et deux experts du groupe d’étude sur les femmes. Mais la réunion s’est mal déroulée au dire des personnes présentes, qui se sont indignées que toute discussion ait été rendues impossibles. Elles ont uniquement été invitées à faire des interventions orales ou écrites.

L’absence remarquée à la réunion du cardinal Victor Fernandez, préfet du DDF, a aussi été mal perçue. Elle a été qualifiée par les membres du Synode de «comportement scandaleux» et de «grave déception». Le cardinal Fernandez avait pourtant déjà annoncé le 9 octobre à l’Assemblée, au moment où la réunion avait été agencée, qu’il n’y participerait pas. Suite aux critiques qu’il a essuyées après la réunion, il a exprimé ses regrets pour «le malentendu», expliquant qu’il n’était objectivement pas en mesure d’y participer, ni en temps ni en heure. Il a aussi annoncé qu’il participerait par contre à la rencontre prévue le 24 octobre entre le groupe d’étude chargé de la question des femmes et des membres de l’assemblée.

Échaudées par ce rendez-vous manqué, les femmes du Synode se sont adressées directement au pape François. Elles ont été reçues par lui le lendemain, lors d’une audience spéciale, et lui ont faire part de leurs préoccupations.

Six femmes ordonnées sur le Tibre

En marge des séances officielles du Synode, une manifestation coup de poing a été organisée par l’’Association internationale des femmes prêtres catholiques romaines’ à bord d’une péniche sur le Tibre. Lors d’une cérémonie qualifiée d’«historique» par ses responsables, six femmes de France, d’Espagne et des Etats-Unis ont été illégalement ordonnées diacres et prêtres, par trois femmes évêques, excommuniées. Parmi elles, l’évêque Bridget Mary Meehan, des Etats-Unis, ordonnée prêtre à Pittsburgh en 2006 et devenue évêque en 2009, et l’Allemande Gisela Forster, 78 ans, ordonnée prêtre par des évêques allemands – excommuniés de suite – avec six autres femmes en 2002 lors d’une cérémonie organisée alors sur le Danube.

Il y a aujourd’hui 19 évêques catholiques romains illégaux et quelque 300 prêtres, répartis dans 14 pays, rappelle le journal nederlands dagblad. Elles appartiennent à deux organisations de «femmes prêtres catholiques romaines». Le droit canonique, qui ne prévoit pas l’ordination de femmes, punit automatiquement d’excommunication toute personne participant à un tel acte symbolique.

Ordination de femmes prêtres en 2006, Pittsburgh, Etats-Unis | © capture d’écran Youtube/Bridget Mary Meehan #womenpriestsnow

«Oui, l’Église nous a excommuniées, a déclaré Bridget Mary Meehan, mais cela ne signifie pas que vous n’êtes plus catholique romain. Car le baptême ne peut être annulé. Vous n’êtes simplement plus autorisé à participer à l’Eucharistie et aux autres sacrements. Mais je suis ma propre conscience et si je vais à la messe dans une paroisse, je communie.» Le rituel liturgique appliqué pour cette ordination de femmes le 18 octobre «ressemble comme deux gouttes d’eau à la liturgie catholique officielle», remarque le journal néerlandais. «La seule différence est que nous ne faisons pas vœu d’obéissance à l’évêque», a précisé Bridget Mary Meehan. (cath.ch/kna/nd/lb)

Lucienne Bittar

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