Nous sommes en direction de Jérusalem et pour la troisième fois, Jésus parle de sa Passion (8,31 et 9,31). Et voilà que deux disciples, Jacques et Jean, tous deux parmi les premiers choisis par Jésus en l’interpellent. Ils ont quelque chose de très importants à dire et la demande est formulée d’une manière claire: «Accorde-nous de siéger l’un à ta droite, l’autre à ta gauche dans ta Gloire».
Ont-ils fait le lien entre le Fils de l’Homme et Jésus qui est là avec eux? Sont-ils prétentieux, intéressés dans leur fidélité à Jésus? Quoiqu’il en soit, ils expriment un désir profondément humain. N’expriment-t-ils pas ce que tout croyant serait en droit de désirer: participer au Royaume et être le plus près possible du Christ? Je peux comprendre qu’une telle demande puisse aussi exprimer un désir parfaitement justifié.
«Jacques et Jean expriment un désir que tout croyant serait en droit de désirer: participer au Royaume et être le plus près possible du Christ»
Jésus d’ailleurs les écoute. Sans reproche, il leur fait comprendre qu’ils ne savent pas ce qu’ils demandent et en quelques mots, Il leur rappelle le chemin de transformation et de conversion qui conduit au Père. Ce chemin, ils sont prêts à le prendre, à en partager la coupe, vivre l’épreuve et à passer dans la mort vers la résurrection avec le baptême. Jacques sera décapité par Hérode et Jean subira l’exil à Patmos (selon la tradition).
C’est alors que se révèle la clé de cette parole de Marc. La clé de la Bonne Nouvelle! Jésus replace cette demande personnelle de ses disciples dans le souci de la multitude. Notre vie est bien sûr personnelle mais elle est aussi communautaire. Jésus nous interpelle sur notre manière de réaliser ensemble un chemin d’humanisation vers le Père. Il nous parle des autres, de la famille, de la communauté, de la société… Ce chemin, Il le construit avec nous dans notre quotidien. Notre vie de foi prend ses racines dans notre humanité et la transforme.
«Jésus nous interpelle sur notre manière de réaliser, ensemble, un chemin d’humanisation vers le Père»
Voilà pourquoi, Jésus n’entre pas en matière avec la revendication des dix autres apôtres. Notre manière de vivre notre engagement de foi se doit d’être un levain de changement pour nos sociétés terrestres. Mais on y raisonne le plus souvent en termes de pouvoir, de concurrence, de rentabilité, d’individualisme… Nos institutions religieuses ne sont d’ailleurs pas à l’abri de ces dérives dont on mesure aujourd’hui les conséquences.
Jésus nous invite à une autre trajectoire. Il appelle ses disciples, à nouveau, à une mission propre: celle qui se révèle dans le Service, puisée le Jeudi Saint dans le lavement des pieds lors de la dernière Cène.
«Jésus nous invite à une autre trajectoire, à une mission propre: celle qui se révèle dans le Service»
Là est le centre de l’Évangile et Marc nous y renvoie. En fait, la question que Jésus me pose aujourd’hui est bien celle du comment vivre ensemble notre foi dans la communauté humaine par et dans le service de tous… parce qu’Il est venu pour servir et donner sa vie pour la multitude et qu’il nous renouvelle dans son eucharistie.
N’ayons pas peur de nous demander «Qu’est-ce que Servir veut dire aujourd’hui pour moi, lorsque je me confronte à l’Évangile?». N’est-ce pas discerner en moi cette capacité à m’inscrire dans une logique gratuite du don et du partage. Dans l’action de servir, il y a quelque chose de l’ordre du dépouillement qui s’opère et l’on redécouvre alors l’importance et la richesse de vivre avec les autres. Le service devient le visage de Dieu partagé et donné.
N’est-ce pas là, la manière de laisser «le Christ vivre en moi»?
Frère Michel Fontaine OP | Vendredi 18 octobre 2024
Mc 10, 35-45
En ce temps-là,
Jacques et Jean, les fils de Zébédée,
s’approchent de Jésus et lui disent :
« Maître, ce que nous allons te demander,
nous voudrions que tu le fasses pour nous. »
Il leur dit :
« Que voulez-vous que je fasse pour vous ? »
Ils lui répondirent :
« Donne-nous de siéger,
l’un à ta droite et l’autre à ta gauche,
dans ta gloire. »
Jésus leur dit :
« Vous ne savez pas ce que vous demandez.
Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire,
être baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé ? »
Ils lui dirent :
« Nous le pouvons. »
Jésus leur dit :
« La coupe que je vais boire, vous la boirez ;
et vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé.
Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche,
ce n’est pas à moi de l’accorder ;
il y a ceux pour qui cela est préparé. »
Les dix autres, qui avaient entendu,
se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean.
Jésus les appela et leur dit :
« Vous le savez :
ceux que l’on regarde comme chefs des nations
les commandent en maîtres ;
les grands leur font sentir leur pouvoir.
Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi.
Celui qui veut devenir grand parmi vous
sera votre serviteur.
Celui qui veut être parmi vous le premier
sera l’esclave de tous :
car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi,
mais pour servir,
et donner sa vie en rançon pour la multitude. »
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