Ce qui a commencé par un groupe de femmes noires soutenant Kamala Harris a donné lieu à des rassemblements d’hommes noirs, de femmes blanches, de ›mecs blancs’, de femmes sud-asiatiques, de latinas, d’hommes noirs homosexuels, et de Catholics for Kamala sous une multitude d’affiliations parfois difficiles à démêler, rapporte, le 9 octobre 2024, une enquête du National Catholic Reporter (NCR).
Kamala Harris a des antécédents religieux et spirituels divers, ayant été initiée à l’hindouisme et au christianisme dès son enfance. Adulte, elle a rejoint une Église baptiste et fait partie d’une famille juive, puisque son mari et ses beaux-enfants sont juifs. Aujourd’hui, elle s’identifie toujours comme baptiste et considère la Third Baptist Church de San Francisco, qui a beaucoup travaillé avec les leaders des droits civiques, comme son Église d’origine.
Elle ne parle pas souvent de sa foi en public, mais elle a déclaré que ses liens avec l’hindouisme et le christianisme l’ont aidée à s’engager en faveur de la justice sociale. «Mes premiers souvenirs des enseignements de la Bible étaient ceux d’un Dieu aimant, un Dieu qui nous demandait de parler pour ceux qui ne peuvent pas le faire eux-mêmes et de défendre les droits des pauvres et des nécessiteux», écrivait-elle dans ses mémoires en 2019. «C’est là que j’ai appris que la foi est un verbe; je crois que nous devons vivre notre foi et montrer notre foi en action.»
Le colistier de Kamala Harris, le gouverneur du Minnesota Tim Walz, est luthérien, bien qu’il ait grandi dans le catholicisme. Il parle peu de sa foi, mais il a fait référence à l’église luthérienne de Saint-Paul comme étant sa paroisse. Cette communauté est affiliée à l’Église évangélique luthérienne d’Amérique, une dénomination qui se situe à l’extrémité la plus libérale du spectre protestant.
En août, au moment de la convention démocrate, un premier appel ›Christians for Kamala’ a été organisé par John Pavlovitz, un auteur et militant chrétien progressiste, avec l’objectif de «normaliser le fait d’être un chrétien non républicain». Cet appel a réuni une trentaine de personnalités religieuses dont deux catholiques.
Le comité de campagne officiel Catholics for Harris-Walz qui a pris le relais souligne que «cette élection est un véritable enjeu pour notre démocratie, nos libertés, l’État de droit, notre culture et le monde libre». Il entend faire un effort pour atteindre les jeunes électeurs catholiques, fatigués de la polarisation et de la rhétorique haineuse, a déclaré au NCR le coordinateur catholique Alex Nason qui s’occupe également des Américains d’origine irlandaise. Selon lui, alors que Donald Trump et JD Vance considèrent le vote catholique comme acquis, il s’agit de leur démontrer le contraire.
Fondé en 2021, Catholics Vote Common Good (les catholiques votent pour le bien commun) «cherche à créer un terrain d’entente à l’intersection de la foi et de la politique pour les catholiques en trouvant des domaines d’accord basés sur des idéaux communs, tels que le respect de la dignité de toutes les personnes et des droits de l’homme». Catholics Vote Common Good est une émanation de l’organisation chrétienne œcuménique Vote Common Good créée en 2018.
Le groupe a organisé une table ronde lors de la convention démocrate dont le message général était: ›Vous n’irez pas en enfer pour avoir voté démocrate.’ Le groupe organise également des appels téléphoniques aux catholiques. Les bénévoles peuvent en outre commander des cartes postales pré-imprimées (15 pour 30 $) qui disent: «En tant que personne de foi, veuillez vous joindre à moi pour voter pour l’amour, la joie, la paix, la patience, la gentillesse, la douceur et la maîtrise de soi et pour Harris/Walz.»
Catholics for Kamala est un effort conjoint des organisations de défense catholiques qui travaillent pour faire avancer «les priorités catholiques en matière de justice sociale dans notre pays».
Dans ce cadre, le bioéthicien Patrick Whelan, fondateur et ancien président de Catholic Democrats, qui avait déjà participé à la campagne pour l’élection de Barack Obama, et Kathleen Kennedy Townsend ont rédigé une brochure de 80 pages pour soutenir Kamala Harris. Disponible gratuitement en ligne, cette publication examine les «questions qui comptent pour les catholiques», notamment l’avenir de la démocratie, les soins de santé, la race, la corruption, la Cour suprême, le réchauffement de la planète, l’immigration, l’économie, la peine de mort et les droits de l’homme. Sur l’avortement, l’auteur axe sa réflexion sur la réduction et la décriminalisation de l’IVG.
En plus de plaider pour Harris, l’auteur met en garde contre les «racines de l’Opus Dei» du «Projet 2025» (un recueil de propositions politiques de droite de la Heritage Foundation, de laquelle Trump s’est néanmoins distancé: n.d.l.r.). Le monde de Trump est offensant pour pratiquement tous les aspects de ce que l’on peut considérer comme de vraies sensibilités catholiques, estime-t-il.
Catholics for the Future est l’un des groupes catholiques formés au cours de l’été pour collecter des fonds afin de payer des publicités en anglais et en espagnol dans les États clés de la campagne. Stephen Schneck, l’un de ses administrateurs, est actuellement président de la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale (USCRIF).
Alors que du côté républicain, CatholicVote diffuse actuellement des publicités accusant Harris de soutenir des opérations chirurgicales ›expérimentales’ de changement de sexe sur des enfants, Stephen Schneck estime que CatholicVote n’est pas représentatif des catholiques américains, qui s’intéressent davantage aux questions liées à la vie quotidienne, telles que le logement abordable et les soins de santé.
Le consultant politique Christopher Hale, lui aussi déjà engagé dans la campagne d’Obama, a compilé une liste d’adresses électroniques de 19’000 catholiques. Son objectif, par le biais d’un compte Catholics for Harris sur X (anciennement Twitter), est de servir de relais à la campagne officielle Harris-Walz. «Je pense que le plus gros problème auquel les catholiques sont confrontés est qu’ils estiment avoir besoin d’une permission pour voter pour Kamala Harris », a-t-il déclaré au NCR. «Notre seul objectif est de la leur donner.»
Faith in Public Life Action (la foi dans l’action pour la vie publique) n’est pas une organisation catholique en tant que telle, mais une coalition de responsables religieux de diverses confession actuellement dirigé par une catholique. Sa mission «est de faire progresser l’impératif moral d’un pays juste, inclusif et équitable qui permette à chacun d’entre nous de vivre pleinement son humanité.»
«Lorsque je considère nos valeurs communes de compassion, de dignité et de responsabilité, elles nous amènent facilement à prendre la décision de soutenir la campagne Harris-Walz », a déclaré sa directrice générale Jeanné Lewis dans une vidéo publiée après le débat entre Trump et Harris.
Catholic Democrats représente une voix catholique au sein du Parti démocrate et une voix démocrate au sein de l’Église catholique dont la mission est de faire progresser la riche tradition catholique de justice sociale.
Fondé en 2004 Catholics Democrats a soutenu tous les candidats démocrates à l’élection présidentielle. «Nous pensons que les antécédents et le caractère de Kamala Harris sont les mieux adaptés pour faire avancer le bien commun.»
Comme il l’a fait dans campagnes présidentielles précédentes, le groupe prévoit de contacter les prêtres dans les comtés ›persuadables’, pour leur rappeler les directives des évêques américains contre la politique partisane dans les paroisses. (cath.ch/ncr/mp)
Maurice Page
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