Cet article est le premier d’une série de deux sur l’implication des groupes catholiques dans l’élection présidentielle de 2024. Il se concentre sur les groupes qui soutiennent l’ancien président Donald Trump. La deuxième partie explore les groupes qui soutiennent la vice-présidente Kamala Harris.
Le mois dernier, le pape François a qualifié Donald Trump et son adversaire, la vice-présidente Kamala Harris, d’«opposants à la vie» et a déclaré que les électeurs devaient choisir «le moindre des deux maux».
Comme en 2020, Donald Trump bénéficie à nouveau du soutien de plusieurs groupes associés à l’Église catholique, rapporte, le 8 octobre 2024, le National catholic Reporter (NCR). Ni l’implication de l’ancien président dans l’assaut du Capitole et l’insurrection du 6 janvier 2021, ni ses 34 condamnations pénales, ne semblent avoir entamé l’enthousiasme de ses partisans. Leur soutien intervient également en dépit de l’assouplissement de Trump et des républicains sur l’avortement et la fécondation in vitro. Si le revirement de l’ancien président sur ces sujets a suscité la colère de certains militants pro-vie, la plupart affirment que les démocrates sont bien pires sur cette question.
Donald Trump a également choisi un catholique converti en 2019 comme colistier en la personne de J-D Vance. Considéré comme conservateur, le sénateur de l’Ohio, lecteur et admirateur de saint Augustin, appartient à ce qu’on qualifie d’idéologie ‘post-libérale’ selon la ligne politique du président Viktor Orban en Hongrie, où il a vécu quelques temps. D’autres voient en lui surtout un politicien opportuniste.
Donald Trump lui-même se considère aujourd’hui comme un chrétien «non confessionnel» et ne s’identifie plus à l’Église presbytérienne dans laquelle il a été confirmé. Il n’est pas un pratiquant régulier, mais s’est entouré de leaders évangéliques comme conseillers pendant son mandat présidentiel.
Même s’il aime bien citer la Bible ou parler de Dieu, il se trompe très régulièrement dans ses références. La plupart des Américains ne croient pas que Donald Trump soit personnellement religieux, mais une majorité de républicains pensent qu’il défend mieux les personnes ayant des convictions religieuses, selon une enquête du Pew Research Center.
Une des dernières trouvailles marketing de Donald Trump est la vente de Bibles à son nom. La God Bless the USA Bible – en fait une Bible selon la traduction dite King James sur laquelle il ne paye aucun droit – se présente comme un ouvrage relié de moleskine brune frappé du drapeau américain. La version ordinaire est facturée 59 dollars, mais les amateurs peuvent obtenir un exemplaire ‘signature’ dédicacé par l’ex-président pour la modique somme de 1’000 dollars. Le scandale a été encore plus fort lorsque l’on appris récemment que ces Bibles de Trump avaient été imprimées en Chine pour un coût de 3 dollars l»unité.
Le comité de campagne officiel Catholics for Trump s’engage à «sauvegarder les principes vitaux de la liberté religieuse et du caractère sacré de la vie que le président Donald J. Trump a ardemment défendus.» Le site web du groupe s’ouvre sur une image de Donald et Melania Trump en visite à la chapelle sixtine (dans laquelle se déroule l’élection du pape NDLR).
Le site énumère les «réalisations du président Trump pour les catholiques». La liste met l’accent sur la liberté religieuse et mentionne qu’il a été le premier président à s’adresser à la Marche pour la vie. Elle ne cite cependant pas son rôle dans la nomination des juges de la Cour suprême des États-Unis qui ont contribué à invalider l’arrêt Roe v. Wade de 1973 qui autorisait l’avortement dans l’ensemble du pays.
Une page propose également des articles Catholics for Trump, notamment un panneau de jardin à 24 dollars, une tasse à café à 25 dollars et trois macarons à 12 dollars.
Parmi les membres du groupe figure Callista Gingrich, ancienne ambassadrice des États-Unis auprès du Saint-Siège.
Le groupe CatholicVote fondé en 2008 a opéré un virage à 180 degrés. En 2016, il s’engageait contre le candidat Trump avant de changer de cap. Il se donne pour mission «d’inspirer chaque catholique en Amérique à vivre les vérités de notre foi dans la vie publique.» En juillet, Donald Trump a fait l’éloge de l’organisation pour sa campagne contre Kamala Harris, que le groupe avait qualifié d’«anti-catholique».
Ces jours-ci, CatholicVote est occupé par une campagne publicitaire anti-Harris sur les chirurgies transgenres. CatholicVote mène un important travail d’information, d’éducation et de conseil juridique «pour promouvoir le caractère sacré de la vie, les droits civils et la famille».
L’organisation a lancé un projet de 10 millions de dollars pour cibler les électeurs catholiques, en utilisant le ‘geofencing’, qui a capturé les données des téléphones portables des participants à la messe pour leur envoyer des publicités politiques, comme l’a rapporté le NCR.
Catholics for catholics est un groupe relativement nouveau, mais il a déjà fait des vagues au cours de ses deux ans d’existence. «Nous sommes un groupe de catholiques qui aiment Dieu et notre pays. Notre foi catholique nous pousse à faire entendre notre voix sur la place publique, comme Jésus-Christ nous a demandé de ne pas garder notre lumière sous le boisseau», explique le site du groupe fondé en 2022 par un ancien de CatholicVote.
En mars, le groupe a organisé une «prière catholique pour Trump» à Mar-a-Lago, la station balnéaire de Palm Beach (Floride) appartenant à l’ancien président. À l’occasion de l’anniversaire de Donald Trump, le 14 juin, Catholics for catholics a lancé une campagne visant à faire dire 2’024 messes à l’intention du candidat républicain avant le jour de l’élection le 5 novembre.
Le fondateur du groupe, un ancien fonctionnaire diocésain de Phoenix (AZ), a des liens avec les Légionnaires du Christ, James Altman, un prêtre du Wisconsin, suspendu de son ministère pour ses commentaires politiques et anti-pape François, ou encore l’évêque texan Joseph Strickland, relevé de ses fonctions par le pape en novembre 2023.
En août, Catholics for Catholics a lancé sa campagne nationale d’affichage Défendez-nous dans la bataille, présentant l’image de l’archange saint Michel terrassant le démon.
Les mouvements pro-life continuent globalement de soutenir le candidat Donald Trump, même si ce soutien a donné lieu à des controverses. Face à une opinion publique défavorable, Donald Trump a en effet passablement tergiversé sur la question de l’avortement. Alors qu’il avait évoqué une interdiction fédérale de l’avortement après 20 semaines, il a finalement souhaité laisser les États totalement libres de légiférer sur le sujet.
Malgré ses protestations antérieures, le groupe Susan B. Anthony Pro-Life America (SBA) estime que le parti républicain reste fermement pro-vie au niveau national.
Selon son ‘Plan 2024’, Valor America a annoncé qu’il dépenserait 10 millions de dollars en publicité pour soutenir la campagne présidentielle de Trump et pour travailler à la défaite de six sénateurs démocrates. Cela représente cinq fois le montant que l’organisation avait dépensé pendant la campagne électorale de 2020.
Fondé en 2018 par l’activiste catholique pro-vie Joseph Arlinghaus, Valor America a été le pionnier d’un nouveau message anti-avortement destiné aux Hispaniques qui votaient traditionnellement pour les démocrates. Cette année, ils se concentrent sur les électeurs qui n’ont jamais voté républicain auparavant, mais qui partagent ses valeurs.
Le site web mentionne que ses tactiques sont celles utilisées auparavant uniquement par les démocrates «pour manipuler les processus électoraux à leur avantage». Valor America a été l’un des premiers à soutenir Trump, malgré les inquiétudes de certains membres du mouvement pro-vie. (cath.ch/ncr/mp)
Maurice Page
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