Le dicastère pour la Doctrine de la foi (DDF), commissionné par le pape pour étudier la participation des femmes dans l’Église – y compris sur le sujet du diaconat – a fait savoir que les membres du Synode pouvaient d’ailleurs transmettre leurs contributions à ce sujet.
«C’est une question délicate car nous n’étions pas supposés parler du diaconat féminin durant le Synode mais ce sujet a été abordé. C’est naturel, même si nous n’allons pas prendre de décision», a déclaré Geert De Cubber devant la presse. Le ministère particulier du diaconat, qui nécessite une ordination et qui est réservé aux hommes, est l’un des thèmes que le pape François a confié à l’une des 10 commissions d’experts, qui doivent rendre leurs travaux en juin 2025.
Le Belge, marié et père de trois enfants, a estimé qu’il était avant tout «important de savoir ce qu’est la nature même du diacre». Et d’insister: «Un diacre est très différent d’un prêtre. C’est un ministère de service. Il est au service de l’Église, […] au service des personnes. […] C’est un genre différent de ministère.» Interrogé sur l’hypothèse d’autoriser l’accès des femmes au diaconat dans certaines régions du globe, le diacre a assuré qu’il s’agissait d’avancer de façon commune, «synodale», afin de «ne perdre personne sur le chemin».
Ce sujet est loin de faire l’unanimité au Synode. Au cours d’une conférence de presse le 7 octobre, Mgr Anthony Randazzo, évêque de Broken Bay en Australie, avait par exemple estimé que le «vrai scandale» était «que les femmes [soient] si souvent ignorées dans l’Église». «C’est une petite minorité avec une voix occidentale qui est bloquée sur ce point [de l’ordination des femmes]», avait-il taclé.
L’éventuel accès des femmes au diaconat fait partie des thèmes confiés par le pape en février au groupe numéro 5, dans les mains du DDF. En donnant un bref compte-rendu de l’avancement des travaux devant l’assemblée du Synode le 2 octobre, le cardinal Victor Manuel Fernández, préfet de ce dicastère, avait affirmé que «d’autres questions […] doivent encore être examinées et résolues avant de se précipiter pour parler d’un éventuel diaconat pour certaines femmes».
Pour le DDF, il n’y a «pas de place pour une décision positive du Magistère sur l’accès des femmes au diaconat entendu comme degré du sacrement de l’Ordre». Le pape, a déclaré le cardinal Fernández, «considère que la question n’est pas mûre». Néanmoins, le groupe de travail estime possible un «travail d’approfondissement».
Ce 9 octobre, le préfet du DDF a fait savoir aux membres du Synode que le groupe de travail avait entamé «la phase de consultation», qui sera ouverte «également à des femmes qui ne sont pas consultrices du dicastère». Tous les membres et théologiens du Synode peuvent également envoyer au dicastère leurs contributions dans les prochains mois, a-t-il indiqué.
Le 18 octobre, deux personnes du dicastère seront disponibles pour recevoir des réflexions sur ce thème. À la demande de l’assemblée, les organisateurs du Synode ont en effet ouvert la possibilité de dialoguer avec les experts des 10 groupes de travail ce jour-là.
Une autre perspective d’évolution du diaconat a été évoquée lors du briefing du mardi 8 octobre. L’archevêque de Porto Alegre au Brésil, le cardinal désigné Jaime Spengler, a été interrogé sur la possibilité d’ordonner prêtres des hommes mariés pour la région amazonienne, en manque cruel de vocations dans des territoires immenses. Une question qui avait mobilisé l’attention lors du Synode sur l’Amazonie en 2019.
Mgr Spengler a alors envisagé avec une grande prudence l’éventualité d’ordonner prêtres des hommes mariés déjà diacres permanents. «J’oserais dire, au moins pour moi dans la réalité où je me trouve – parce que les réalités sont différentes, je crois qu’on ne peut pas généraliser –, [qu’] à partir de l’expérience du diaconat permanent, nous verrons peut-être si dans un avenir pas trop lointain, l’un ou l’autre de ces hommes pourrait être ordonné prêtre pour une communauté spécifique», a-t-il déclaré.
Pour l’archevêque qui sera créé cardinal le 8 décembre prochain, cette question a besoin «d’un approfondissement», et demande «du courage, et une capacité d’ouverture du cœur». (cath.ch/imedia/ak/rz)
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