Mgr Mésidor:  «Les gens sont à bout» en Haïti

«Les gens sont à bout » et fatigués d’attendre l’aide de l’État, a déclaré Mgr Max Leroy Mésidor, président de la Conférence des évêques d’Haïti (CEH), dans son message de condoléances pour les victimes du massacre du 3 octobre à Pont Sondé.

Le Premier ministre par intérim Garry Conille s’est rendu aux Émirats arabes unis et au Kenya le 5 octobre 2024, pour demander le renforcement de la mission internationale de sécurité en Haïti, qui ne compte à ce jour que 400 policiers, pour la plupart kenyans. Deux jours plus tôt, les membres du gang armé Gran grif de Savien ont commis un massacre à Pont Sondé. Au moins 70 personnes ont été tuées, dont 10 femmes et 3 enfants, et 45 maisons incendiées. Plus de 6000 personnes ont fui la région après cet assaut.

Les femmes et les enfants de plus en plus visés

En Haïti, depuis 2023, plus de 700’000 personnes ont été contraintes de fuir leur domicile pour échapper à la violence des groupes armés et à l’insécurité généralisée. Au cours du premier semestre 2024 (janvier à juin), les Nations Unies ont enregistré 3638 meurtres, soit une augmentation de près de 74% par rapport à 2023.

Un communiqué du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) du 30 juillet 2024 souligne aussi une augmentation des violences sexuelles contre les femmes et les filles. «Les enfants sont également utilisés de manière croissante par les gangs et les groupes ›d’auto-défense’ pour commettre des activités criminelles.»

Le grenier de riz du pays à sec

«Le pays est complètement malade. Mais la situation dans l’Ouest et dans l’Artibonite, les deux plus grands départements, est pire», a affirmé Mgr Mésidor, archevêque de Port-au-Prince. Depuis deux ans, la commune de Petite Rivière de l’Artibonite et la ville de Liancourt sont privées de toute présence policière. «Ces deux zones où la vie était animée sont aujourd’hui envahies par le désespoir», a-t-il lancé.

Le département de l’Artibonite est considéré comme le grenier d’Haïti pour sa production de riz. La forte instabilité dans la région a contribué à la crise alimentaire dans le pays. Selon les données publiées par un groupe d’ONG travaillant en Haïti et cité par l’agence Fides, 5,4 millions d’Haïtiens souffrent d’insécurité alimentaire grave, dont 2 millions de faim sévère. (cath.ch/fides/lb)

Lucienne Bittar

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