«Je suis très heureux car ce ne sont pas seulement les murs, mais toute une communauté qui est en fête», confie l’abbé Valentin Roduit, le jeune prêtre et vicaire de la paroisse de Collombey. Les enfants ont répondu présents pour l’occasion, «ils seront là pour les 200 ans de l’église. Cette fête unit les générations de notre communauté, on ne peut que s’en réjouir».
La messe célébrée à l’occasion des 150 ans de l’église de Collombey vient de s’achever. Après la photo souvenir pour laquelle les prêtres concélébrant et les enfants de cœur ont posé sur le parvis, tous se pressent à l’apéro. La température fraiche qui enveloppe l’atmosphère ne parvient pas à engourdir les paroissiens, venus en nombre fêter leur église.
Un peu plus tôt dans la matinée, les fidèles ont eu droit au café-croissant de bienvenue, à un concert d’orgue avant les discours, plutôt brefs, de l’abbé Jérôme Hauswirth, longtemps curé de Collombey-Muraz, du président du Conseil de gestion et de la présidente du Conseil de communauté de la paroisse. «150 ans, c’est un triple jubilé qui représente environ six générations. Cela peut paraître long, a lancé l’abbé Hauswirth, mais à l’aune de l’histoire du christianisme dans notre région, plus de 1500 ans depuis le martyr de saint Maurice et ses compagnons, c’est peu.» Le curé a eu une pensée pour tous celles et ceux qui ont été baptisés, mariés dans cette église. Sans oublier les premières communions ou les funérailles des ouailles passées dans la paroisse.
Nadia Borsay a salué, au nom du Conseil de communauté, le travail des paroissiens qui s’activent à faire vivre le lieu: sacristin/es, lecteurs/trices, servant/es de messe, prêtres et religieux. «Que serait notre village sans ce lieu de célébration et cette communauté bienveillante?» Elle n’a pas manqué de souligner le travail des générations précédentes qui ont su entretenir et sauvegarder ce patrimoine, «cœur historique de Collombey».
Le propos est illustré par le Président du conseil de gestion qui explique les rues barrées dans le centre du village. Les travaux de raccordement au chauffage à distance de l’église et de l’ancienne cure viennent de débuter. L’histoire se poursuit.
Le Père Patrice Gasser a présidé la célébration dans une église pleine. Outre les abbés Hauswirth et Roduit, il était entouré du Père Jean-René Fracheboud et de l’abbé Dominique Theux. Était présent le frère Amédée Emaulaz qui fut, 26 ans durant, aumônier des Sœurs bernardines du monastère de Collombey avant de partir à Tamier (France), où il est entré comme moine trappiste. Le chœur mixte de Collombey a donné de la voix, tout comme ses membres avaient chanté lors de l’inauguration de l’église (voir ci-dessous) (cath.ch/bh)
12 ans de travaux
Bastien Clerc, jeune paroissien qui s’intéresse au patrimoine a présenté une brève histoire de l’église.
Nous sommes à la fin des années 1850. L’ancienne église, située au nord du cimetière datant de 1616, devient dangereuse. Les prières des paroissiens ne montent plus droit vers le Seigneur, mais s’égarent dans les fissures de plus en plus apparentes de l’édifice. Certains des fidèles prônent la restauration de l’église actuelle. Ils vont vite s’opposer aux tenants de la construction d’une nouvelle église. Cette année 1860 sera très animée. Lettres, pétitions, assemblées vont se succéder à un rythme soutenu.
Première pierre
A tel point que le Département de l’Intérieur du canton du Valais s’en mêle. Il demande au Conseil paroissial de se décider. Dans sa séance du 29 février 1860, le Conseil se range du côté de ceux qui veulent la reconstruction totale et en avise le département.
Nous savons que le 18 février 1862, le Conseil paroissial, à l’intention de la commission chargée de la construction de l’église, établit un règlement qui définit les charges de ladite commission. Dans cette même année, il est demandé à l’architecte Emile Vuilloud d’être surveillant des travaux. La première pierre est posée le 9 juin 1962. L’édification de la nouvelle église va durer 12 ans. Plusieurs prêts seront nécessaires. Les Sœurs du monastère des Bernardines font un don de 50 louis d’or (env. 1159 francs) pour le projet.
Inauguration
La Gazette du Valais relate l’inauguration de l’église, le 15 novembre 1874: «C’est donc en bon droit que les 24 et 25 octobre (1874) ont été des jours de joie à Collombey; les habitants avaient revêtu leurs habits de fête, deux arcs de triomphe étaient élevés aux abords de l’église qui, ainsi que la tour, étaient pavoisées d’oriflammes aux couleurs pontificales et valaisannes; la milice était sur pied, les mortiers faisaient retentir les échos des collines; toute la paroisse ayant à sa tête son R. Curé (abbé Fabien Michellod) et l’honorable Conseil se porta au-devant de Mgr. l’évêque du diocèse qui arrivait pour consacrer la nouvelle église. Mgr de Preux fut reçu sous le premier arc de triomphe où des sentiments de respect et de vénération, puis de gratulation et d’attachement furent échangés entre le pasteur et les ouailles. Mgr. fut ensuite conduit au presbytère. Le lendemain après la longue et belle cérémonie de la consécration de l’église, une messe en musique, excellente composition de M. Eter, élève du conservatoire de Munich et professeur de chant au collège de St Maurice, a été bien chantée par les bonnes et pures voix du Chœur mixte de Collombey, habilement dirigé par l’instituteur Parvex.»
L’église fut électrifiée en 1904 et en 1967, le nouvel orgue a été installé. Ce n’est qu’en 1968 que l’ancienne église fut démolie. Elle laissa place à la nouvelle cure qui devint plus tard une simple maison familiale. Il y eut donc deux églises à Collombey durant 94 ans. Association du Vieux Collombey-Muraz
Bernard Hallet
Portail catholique suisse
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