A l’issue de la messe présidée par lui à l’église de la Sainte-Famille de New York pour célébrer l’événement, Mgr Pietro Parolin, Secrétaire d’État du Saint-Siège, a interpellé un parterre de diplomates, de délégués et autres experts à l’ONU. Il leur a demandé de relancer leur effort collectif pour «guérir les divisions» du monde.
Ce rôle de constructeur de paix à l’ONU a été porté dès le début par le Saint-Siège, et c’est Paul VI qui l’a initié. Élu en 1963, se présentant comme un pèlerin de la paix, Paul VI devient le premier pape en 150 ans à voyager hors d’Italie et à parler à la tribune des Nations Unies. Poursuivant le travail de réforme de l’Église entamé par le pape Jean XXIII, il est convaincu de l’importance des Nations Unies pour la construction de la paix. Il souhaite donc normaliser et développer les relations entre l’Église et les organisations internationales.
Le Vatican ne bénéficiait jusqu’alors que d’un siège d’observateur à l’UNESCO, à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et à l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). En 1964, Paul VI obtient un poste d’Observateur permanent du Saint-Siège à l’ONU. Le discours – un vibrant appel à la paix – qu’il prononce un an plus tard à son siège à New York, alors que celle-ci fête son 20e anniversaire, préfigure ce nouveau rapport entre l’Église et la communauté internationale. «L’Humanité devra mettre fin à la guerre ou c’est la guerre qui mettra fin à l’Humanité (…) jamais plus la guerre, jamais plus la guerre!»
Cette mission est dirigée par un observateur permanent, qui a généralement le rang de nonce apostolique et d’archevêque. Celui-ci peut participer aux débats aux Nations-Unies, mais il n’a pas droit de vote à l’assemblée de l’ONU. Ce rôle d’observateur, une position unique à l’ONU, lui confère une influence certaine, a fait observer le 30 septembre 2024 le cardinal Parolin lors de son discours.
Être «observateur», en effet, ne signifie pas regarder les événements se dérouler «d’une manière passive et désengagée». L’Église, «experte en humanité», est une «voix morale» qui, depuis soixante ans, sans relâche, défend dans l’enceinte des Nations Unies la dignité de chaque personne et les droits de l’homme, la justice sociale et le développement économique. Une voix qui appelle à protéger l’environnement, et fait entendre le cri des sans-voix que sont les migrants, les réfugiés, les personnes déplacées.
La neutralité de son statut d’observateur permet aussi au Saint-Siège de dépasser les intérêts idéologiques et nationaux, «en soulignant constamment que le véritable progrès ne peut être atteint que lorsque les dimensions spirituelles et morales de l’existence humaine sont reconnues et respectées», a encore souligné Mgr Parolin. (cath.ch/va/lb)
Lucienne Bittar
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