L’accueil, au cœur de notre chemin de foi…

Dimanche dernier, Jésus posait une question à ses disciples: «Qui suis-je pour vous?». Il nous invitait aussi à nous poser la question: Qui est Jésus pour nous? Aujourd’hui, Jésus par une image, plus proche de nous, celle des enfants, propose un pas supplémentaire. L’image est très forte comme celle qu’il proposait à Nicodème dans cet entretien évoqué par l’évangéliste Jean 3, 3 «En vérité, en vérité je te le dis, si quelqu’un ne naît pas de nouveau, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu».

N’y aurait-il pas là une même intention de Jésus avec ce que nous venons d’entendre: «Celui qui accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille ne m’accueille pas moi, mais Celui qui m’a envoyé». Oui, l’image est très forte parce qu’à l’époque, l’enfant n’appartient pas vraiment à la communauté humaine.

«Accueillir celui qui n’est pas reconnu pleinement comme un membre de la communauté humaine, c’est non seulement accueillir Jésus, mais aussi son Père»

Jésus va donc très loin dans cet accueil. Non seulement, en accueillant celui qui n’est pas reconnu pleinement comme un membre de la communauté humaine, nous accueillons Jésus, mais surtout, Celui qui l’envoie, le Père. Et en s’ouvrant à cet accueil, nous entrons déjà dans le Royaume.

En quelques mots, par cette comparaison, il réinvestit l’humain dans sa dignité «d’image et de ressemblance de Dieu» et proclame le Royaume déjà présent. Jésus trace ici ce long travail de conversion, autrement dit, d’accueil de sa Parole auquel nous sommes appelés tout au long de notre chemin de foi.

Dès que nous avançons sur ce chemin, dès que nous acceptons d’accueillir en nous cette nouvelle présence qui nous fait grandir, les priorités habituelles se déplacent, s’éclairent. La Sagesse qui vient de Dieu, dont nous parle Jacques dans son épître, travaille en nous et construit, petit à petit, doucement, difficilement parfois, mais sûrement, le Royaume qui commence dès maintenant.  

«Avec l’accueil de l’enfant rejeté, il y a la reconnaissance que notre humanité est vraiment inscrite dans le cœur de Dieu depuis les origines.»

Il n’y a pas là d’utopie, ni d’opium. Il y a dans cet accueil de l’enfant rejeté, comme dans cet appel à naître de nouveau, pour Nicodème, la reconnaissance que notre humanité est vraiment inscrite dans le cœur de Dieu depuis les origines. Là est la fidélité totale de Dieu.

Cette humanité souvent difficile, pleine de contradictions, d’incertitudes parce qu’elle est libre de choisir, est aussi Lumière. Jésus vit lui-même l’abaissement: Lorsqu’il s’assied (v. 35), il se met à notre portée, comme il l’a fait avec les disciples. Il accomplit chaque jour avec nous ce travail de reconnaissance et de relèvement dont nous ne mesurons pas l’impact.

«Jésus nous rend confiant en cette présence qui nous habite»

Ce que nous vivons actuellement en société, chacune et chacun, est habité par cette parole de Jésus: celui qui accueille l’autre en mon nom en se reconnaissant lui-même enfant de Dieu, réalise en lui ce chemin de foi. Les moments, quand bien même petits, où nous arrivons à vivre cela – et ils existent –, sont des lieux de grâce qui nous font avancer. Jésus nous rend confiant en cette présence qui nous habite et qui nous apprend à être, les uns avec les autres, amis de Dieu.

N’est-ce pas là le désir que Dieu nous a donné, de faire de notre vie une quête profonde de la Bonne Nouvelle…?

Frère Michel Fontaine OP | Vendredi 20 septembre 2024


Mc 9, 30-37

En ce temps-là,
Jésus traversait la Galilée avec ses disciples,
et il ne voulait pas qu’on le sache,
car il enseignait ses disciples en leur disant :
« Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ;
ils le tueront
et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. »
Mais les disciples ne comprenaient pas ces paroles
et ils avaient peur de l’interroger.
Ils arrivèrent à Capharnaüm,
et, une fois à la maison, Jésus leur demanda :
« De quoi discutiez-vous en chemin ? »
Ils se taisaient,
car, en chemin, ils avaient discuté entre eux
pour savoir qui était le plus grand.
S’étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit :
« Si quelqu’un veut être le premier,
qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. »
Prenant alors un enfant,
il le plaça au milieu d’eux,
l’embrassa, et leur dit :
« Quiconque accueille en mon nom
un enfant comme celui-ci,
c’est moi qu’il accueille.
Et celui qui m’accueille,
ce n’est pas moi qu’il accueille,
mais Celui qui m’a envoyé. »

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