«Notre but était de prendre de la distance avec l’Abbé Pierre, tout en ne gommant pas son lien avec le lieu», explique à cath.ch Christian Thurre, co-président de l’Association de la Vigne à Farinet. Le diacre est le fils du journaliste valaisan Pascal Thurre, qui a créé la Vigne dans les années 1980, avec l’acteur français Jean-Louis Barrault. Ce dernier était fasciné par la figure du contrebandier et faux-monnayeur valaisan, après l’avoir incarné dans le film L’or dans la montagne (1939).
La plus petite vigne cadastrée du monde est devenue une démarche caritative. Elle est en effet vendangée chaque année par des personnalités connues du grand public, et le fruit des trois ceps qui la compose est mis en bouteille pour être vendu aux enchères. Le résultat des ventes est reversé à des œuvres de solidarité.
«Notre démarche étant en faveur des plus faibles, nous ne pouvons évidemment pas tolérer les agissements de l’Abbé Pierre», note Christian Thurre, qui a repris l’Association avec sa fille aînée, suite à la mort de Pascal Thurre en 2023. La plaque commémorait le fait que la Vigne à Farinet a appartenu pendant quatre ans (de 1994 à 1998) à Henri Grouès (vrai nom de l’Abbé Pierre). Ce dernier l’a ensuite remise au Dalaï Lama en 1999, qui la possède toujours.
L’Abbé Pierre a été accusé par de nombreuses femmes d’agressions sexuelles. Un dossier qui, depuis juillet 2024, n’a cessé de s’alourdir. Début septembre, 17 nouveaux témoignages faisaient état d’agissements très graves du prêtre, notamment sur une petite fille.
Face à ces révélations, l’Association de la Vigne à Farinet a fait détacher la plaque commémorative, l’a faite scier et l’a remise en place avec la seconde partie pointant vers le bas. «Nous voulons signifier que quelque chose a été brisé pour toujours, précise Christian Thurre. C’est également une façon de nous montrer solidaires des victimes.»
Le diacre souligne que la Vigne continue son activité au service des plus faibles. Une vendange aura lieu ce samedi 14 septembre, avec notamment l’humoriste romand Yann Lambiel.
Emmaüs Valais a également décidé de retirer les portraits de l’Abbé Pierre présents dans ses locaux, note le média valaisan Rhône FM. «Tout ce qui est mobile, comme les tableaux, va être décroché par respect pour toutes les victimes d’agressions sexuelles», explique Olivier Salamolard, directeur d’Emmaüs Valais. «On est toujours du côté des plus faibles», assure-t-il. (cath.ch/rhonefm/arch/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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