«Une solution équitable est nécessaire si l’on veut éviter une guerre durable», a estimé à cette occasion le pape François, qui dénonce sans cesse les pertes de milliers de vies humaines, les immenses souffrances et la propagation de sentiments de haine et de ressentiment.
Interrogé par Vatican News, Mgr Rafic Nahra rappelle cette réalité: «A Gaza, la situation humanitaire est indescriptible avec les destructions mais aussi les populations qui sont obligées de se déplacer régulièrement. Beaucoup de souffrances en Israël aussi, pour diverses raisons. Il y a les familles des otages bien sûr, qui vivent cela très difficilement, mais aussi les soldats eux-mêmes qui sont à Gaza, c’est quand même une guerre qui est extrêmement difficile. Ce sont des étudiants, des pères de famille… Donc c’est aussi pour eux une situation très difficile. Mais ce qui est particulièrement difficile, c’est le manque d’horizon ! »
De jeunes scouts de Bethléem solidaires de leurs frères et soeurs de Gaza | Vatican Media
Si les autorités israéliennes pensent que l’éradication du Hamas est un objectif réalisable, l’évêque auxiliaire du Patriarcat latin de Jérusalem pense que c’est une erreur, pour la raison suivante: «quand bien même les combattants du Hamas mourraient tous, la même réalité pourrait renaître sous un autre nom. Et puis tous ces enfants, tous ces jeunes qui passent une période extrêmement difficile, ont beaucoup de haine dans le cœur ! Il faut leur donner une raison de vivre».
«Quand il n’y a pas de raison de vivre, quand tous ces jeunes ont perdu leurs parents, leur famille, leur maison, avec le sentiment que ce n’est pour rien, on prépare un avenir obscur. C’est pour ça que si cette guerre n’aboutit pas à une solution réaliste qui prenne en considération les aspirations de tous, c’est peine perdue !»
Mgr Rafic Nahra ne sait pas quelle autre solution qu’une solution à deux États serait possible aujourd’hui, avec tout ce qui s’est passé. «Il y a 5 millions de Palestiniens à Gaza et dans les territoires occupés palestiniens, sans compter ceux qui sont en Israël. Mais que sont-ils? Quelle est leur identité? On ne peut pas continuer à laisser dans le flou la situation de ces personnes-là. Il faut bien qu’elles puissent vivre dignement, avec une autonomie aussi financière, leur structure, la liberté de se déplacer, de décider de leur propre sort…».
Le vicaire patriarcal pour Israël estime que la solution d’un Etat binational, après tout ce qui s’est passé, n’est pas réaliste. «Avec l’immense méfiance qu’il y a désormais, après toutes les violences qui ont eu lieu depuis presqu’un an de guerre, comment peuvent-ils vivre ensemble dans un État binational? C’est pour cela que la solution qui apparaît seule plausible pour le moment, c’est une solution à deux États». Et de souligner qu’une blessure ouverte et non traitée pendant des années ne fait que s’envenimer. Il estime dangereux de ne pas vouloir résoudre le problème, «même s’il est si c’est coûteux, car il y a un prix à payer de la part des Israéliens et il y a un prix à payer de la part des Palestiniens, et si on ne trouve pas de solution, la blessure s’envenimera encore». (cath.ch/vaticannews/be)
Jacques Berset
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