«Voulez-vous partir, vous aussi?»

Nous voilà au terme du chapitre 6 de saint Jean appelé «discours sur le pain de vie». Aujourd’hui, ce dialogue se termine entre Jésus, la foule, ses disciples et enfin les Douze…Et il se termine mal. Ce que dit Jésus: «Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle (…) est intolérable, on ne peut pas continuer à l’écouter». Voilà le cri de celles et ceux qui l’ont entendu.

Il sait que sa parole heurte, mais il insiste en disant: «Ces paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie». Par ses paroles «inaudibles», Jésus nous ouvre à son origine divine. Il se présente comme le don ultime et définitif de Dieu et cela aussi est insupportable. Mais Il sait la brèche qu’il faut ouvrir pour que cette parole intolérable, inaudible puisse être réellement porteuse de vie et permettre un nouveau chemin. La brèche s’ouvre par une question «Voulez-vous partir, vous aussi?» qui, paradoxalement, révèle notre lien profond avec Lui: «Allez-vous aussi m’abandonner, ne pas faire confiance en cette parole de vie, ne pas Me faire confiance?» Jésus évoque ainsi l’abandon qu’il vivra jusqu’aux pieds de la croix. C’est la question de l’Ami qui, ici, vient frapper à notre porte (Ap 3, 21).

«N’ayons pas peur de vouloir l’absolu… C’est à cela que Jésus nous appelle»

La brèche que le Seigneur ouvre pour dépasser la réalité, est toujours celle de l’amour. Un amour dont il sait qu’il se construit lentement et parfois douloureusement. Un amour qui passe par toutes sortes de tâtonnement, d’hésitation, de doute et de recherche, mais aussi par le don de sa personne, le don de sa vie.

N’ayons pas peur de vouloir l’absolu… C’est à cela que Jésus nous appelle et c’est là que nous retrouvons la réalité du pain de vie, de Celui qui se donne à nous dans le mystère du repas eucharistique où notre humanité devient Corps du Christ.

Cela veut dire pour moi, qu’en communiant, je prends au sérieux les paroles qui ont fait scandale, car c’est en communiant que j’accepte d’entrer dans cette brèche qu’il m’a ouverte.

«Notre vie est appelée à être transfigurée, comme lui-même»

Il attend ma réponse. Ai-je envie de rester avec lui, de partir, de le laisser comme les autres? est-ce que Jésus m’est indispensable? Suis-je là par conformisme? par habitude? Ces questions concernent l’Église et chacune et chacun de nous.

Cette Parole sur le pain de vie, nous renvoie à l’engagement et aux conséquences de notre foi. Par sa question, «Voulez-vous partir, vous aussi?». Il nous demande de lui faire confiance chaque jour au-delà de ce qui peut faire scandale. Notre vie est appelée à être transfigurée, comme lui-même. Il nous invite à croire que ce chemin peut être le nôtre.

Il nous laisse, au travers de cette brèche constamment ouverte, ce dont nous avons besoin, tout simplement lui-même, à la fois Présence et Rencontre pour que nous soyons nous-mêmes pour les autres, présence et rencontre…

Frère Michel Fontaine OP | Vendredi 23 août 2024


Jn 6, 60-69

En ce temps-là,
Jésus avait donné un enseignement 
dans la synagogue de Capharnaüm.
    Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, déclarèrent : 
« Cette parole est rude ! 
Qui peut l’entendre ? » 
    Jésus savait en lui-même 
que ses disciples récriminaient à son sujet. 
Il leur dit : 
« Cela vous scandalise ? 
    Et quand vous verrez le Fils de l’homme 
monter là où il était auparavant !… 
    C’est l’esprit qui fait vivre, 
la chair n’est capable de rien. 
Les paroles que je vous ai dites sont esprit 
et elles sont vie. 
    Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. » 
Jésus savait en effet depuis le commencement 
quels étaient ceux qui ne croyaient pas, 
et qui était celui qui le livrerait. 
    Il ajouta : 
« Voilà pourquoi je vous ai dit 
que personne ne peut venir à moi 
si cela ne lui est pas donné par le Père. » 

    À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent 
et cessèrent de l’accompagner. 
    Alors Jésus dit aux Douze : 
« Voulez-vous partir, vous aussi ? » 
    Simon-Pierre lui répondit : 
« Seigneur, à qui irions-nous ? 
Tu as les paroles de la vie éternelle. 
    Quant à nous, nous croyons, 
et nous savons que tu es le Saint de Dieu. »

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