«Always look at the bright side of life» (regarde toujours le côté lumineux de la vie) chantent les crucifiés à la fin de la Vie de Brian. Beaucoup ont vu dans cette scène une façon de tourner en dérision la mort du Christ. A sa sortie, le long-métrage de la troupe d’humoristes britanniques des Monty Python a dû faire face à des manifestations et des protestations publiques virulentes, principalement des milieux chrétiens. Le film étant même interdit en Norvège.
La production, très vite élevée au rang de ‘culte’, raconte le destin du naïf Brian, né en même temps que Jésus. Suite à des malentendus, il est vénéré comme le Messie contre son gré. Parce qu’il s’engage contre l’occupant romain, il meurt finalement lors d’une crucifixion de masse.
Se déroulant parallèlement à l’histoire de Jésus, le film ne montre ce dernier qu’une seule fois, lorsqu’il prononce les Béatitudes. Une scène tournée avec «le plus grand respect possible», souligne John Cleese au journal allemand Die Tagespost (22 août 2024). En fait, l’indignation initiale a progressivement laissé place, dans les milieux chrétiens, à un réel intérêt. Le sens et les enseignements du film ont ainsi été scrutées dans des publications académiques et des conférences de personnalités chrétiennes.
Une évolution qui a toujours étonné John Cleese, confie-t-il au Tagespost. «Nous n’aurions jamais pensé que quelqu’un prendrait le film au sérieux, bien que nous y abordions des sujets effectivement très sérieux.» En fait, l’œuvre met surtout en avant l’hypocrisie des personnes confrontées à un message religieux.
«Nous avons voulu montrer que le fait qu’une personne se dise chrétienne ne signifie pas que son comportement soit forcément en accord avec les enseignements du Christ, soutient l’acteur britannique. Il suffit de considérer à quel point ‘la théologie de la prospérité’ [selon laquelle l’aisance financière est un signe de santé spirituelle et la pauvreté une punition de Dieu, ndlr] aux États-Unis est ridicule, pour se rendre compte que certaines personnes peuvent prendre un enseignement et le détourner (…) tout en maintenant le prestige social qui va de pair avec le fait de pouvoir se dire chrétien.»
«Je pense que le rire est une force positive extraordinaire, assure finalement l’ancien Monty Python. Le fait est que le rire est toujours critique, mais il ne peut pas être malveillant s’il provient d’un véritable humour.» (cath.ch/tagespost/arch/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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