L’article 32 de la loi qui a été abrogé par le président Daniel Ortega exemptait les Églises et les organisations religieuses dotées de la personnalité juridique du paiement de l’impôt sur les revenus provenant d’activités et de biens destinés exclusivement à des fins religieuses. Elles seront désormais imposées à hauteur de 30% de leurs revenus annuels.
Le gouvernement nicaraguayen cherche à «noyer financièrement l’Église pour qu’elle tombe sous son propre poids», a estimé sur son compte X la chercheuse Martha Patricia Molina, exilée aux États-Unis
Le 23 août, le gouvernement a ensuite adopté une nouvelle loi qui oblige les ONG à ne travailler que dans le cadre d’«alliances» avec des entités publiques. Il a également annoncé la radiation de 151 nouvelles organisations non gouvernementales, principalement des chambres de commerce internationales et sectorielles.
Cette annonce fait suite au décret, survenu le 19 août, obligeant la fermeture de 1’500 ONG, pour la plupart religieuses: la plus grande dissolution d’organisations ordonnée par le président Ortega depuis les manifestations contre son régime en 2018.
La Commission inter-américaine des droits humains a dénoncé «la fermeture délibérée de l’espace civique et démocratique». Une mesure qui limite «sévèrement la capacité de la société civile à participer activement à la vie politique, sociale, culturelle et religieuse», rapporte l’AFP.
Les États-Unis ont condamné ces fermetures «injustes», par un message sur X du sous-secrétaire d’État en charge de l’Amérique latine, Brian Nichols. Ce dernier a également condamné «le harcèlement violent, la détention et la répression des membres des ordres religieux et des communautés de foi au Nicaragua».
Une porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, Liz Throssell, avait qualifié la fermeture des 1’500 ONG de décision «profondément alarmante, d’autant plus dans un pays en proie ces dernières années à une érosion de l’espace civique et à des restrictions injustifiées à la liberté religieuse».
Au total, quelque 5’300 organisations civiles ont été dissoutes depuis 2018. Ces décisions s’inscrivent dans un contexte général de répression de l’Église au Nicaragua. Le régime Ortega considère que le clergé a pris parti pour l’opposition et le traite comme un ennemi de l’État. (cath.ch/ag/gr)
Grégory Roth
Portail catholique suisse
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