Environ 50’000 personnes ont participé à la convention annuelle du parti démocrate, du 19 au 22 août 2024, à Chicago. Une étape déterminante de la campagne électorale présidentielle, qui permet traditionnellement de mettre le candidat du parti sous les projecteurs. Kamala Harris, confirmée à cette occasion, est actuellement au coude à coude dans les sondages face à Donald Trump.
Dans cette grande chasse à l’électorat, l’avortement figure parmi les thématiques cruciales. Le droit à l’IVG (interruption volontaire de grossesse) est ainsi l’un des principaux chevaux de bataille des démocrates et de Kamala Harris en particulier. Son colistier, Tim Walz, est d’ailleurs connu pour être l’un des politiciens américains les plus libéraux en la matière. Notamment pour se distinguer des «trumpistes», les démocrates ont donc adopté une ligne très «pro-choice».
Dans ce contexte difficile, la frange «pro-life» du parti essaye néanmoins de faire entendre sa voix. Sans s’opposer frontalement au droit à l’avortement, ils tentent de mettre en avant des alternatives sociales, ou de proposer des garde-fous dans un cadre législatif américain extrêmement permissif dans certains États.
Lors d’un événement qui s’est déroulé près de la convention, le groupe ‘Democrats for Life of America’ a notamment exhorté son parti à travailler sur des politiques de soutien aux femmes et aux familles, dans un effort de réduire l’avortement, rapporte le média catholique américain OSV News. Les membres de l’association «pro-vie» ont aussi discuté de «l’hostilité croissante» de leur parti à l’égard des électeurs anti-avortement, tout en soulignant les domaines de coopération possibles, tels que la défense d’un crédit d’impôt élargi pour les enfants et la suppression des frais médicaux à la charge des parents lors de l’accouchement.
«Personne ne devrait être poussé hors du parti», a déclaré Kristen Day, directrice de ‘Democrats for Life’. La catholique a estimé que les démocrates devaient faire preuve «d’empathie et d’attention» sur cette question afin d’élargir leur coalition.
Ceci alors que la tendance «pro-life» du parti démocrate est loin d’être négligeable. Selon une étude réalisée en 2022 par le Pew Research Center, près d’un démocrate ou d’un indépendant de tendance démocrate sur cinq déclarait que l’avortement devait être illégal dans toutes ou la plupart des circonstances. Les membres de cette frange s’identifiant fréquemment comme chrétiens, catholiques ou protestants.
Ainsi, les démocrates «pro-vie» présents à la convention ont émis des craintes que le programme du parti agisse comme un repoussoir pour cette catégorie d’électeurs. Kristen Day est persuadée que le parti pourrait éviter de perdre de nombreuses voix en travaillant avec des citoyens qui, tout en s’opposant à l’avortement, soutiennent le parti sur d’autres sujets.
Chelsey Youman, conseillère législative nationale de ‘Human Coalition Action’, a critiqué l’étroite coopération des démocrates avec le planning familial américain (Planned Parenthood), qui organise une grande partie des IVG aux États-Unis. «Au lieu d’offrir des échographies, des mammographies ou des soins gynécologiques gratuits, ils offrent la mort, note-t-elle. Au lieu d’aider les femmes à résoudre leurs problèmes économiques et relationnels, ils les aident à tuer leurs enfants.»
Pour contrecarrer le bus d’avortement du ‘Planned Parenthood’, ‘Democrats for Life’ a notamment organisé une collecte de couches pour soutenir les familles locales de Chicago dans le besoin.
Le dilemme éthico-politique existe aussi dans le clergé catholique américain. Alors que de nombreux évêques et prêtres souscrivent aux idées démocrates en matière sociale et d’immigration, ils sont habituellement en désaccord sur des thèmes tels que l’avortement, l’euthanasie, ou encore la contraception. (cath.ch/ucanews/arch/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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