Cette Eglise, liée au Patriarcat de Moscou avant la guerre déclenchée le 24 février 2022, avait dès le mois de mai suivant dénoncé clairement l’agression russe contre l’Ukraine et coupé tous ses liens avec Moscou.
La Verkhovna Rada a adopté, en deuxième lecture, la loi n°8371 interdisant l’Église orthodoxe ukrainienne. Le vote a eu lieu le 20 août. 265 députés ont soutenu le projet de loi. 29 députés ont voté contre, 4 se sont abstenus et 24 n’ont pas voté. «Il n’y aura pas d’Eglise moscovite en Ukraine», a déclaré sur Telegram Andriï Iermak, chef de l’administration présidentielle ukrainienne.
Tandis que le président ukrainien Volodymyr Zelensky saluait le vote de la Rada, la Russie dénonçait aussitôt une tentative de Kiev de «détruire l’orthodoxie canonique». Il s’agit en fait d’interdire la plus grande confession du pays en termes de population et de nombre de communautés religieuses, dénonce le Patriarcat de Moscou.
Le Conseil pan-ukrainien des Églises et des organisations religieuses (UCCRO) a approuvé l’interdiction de «l’Eglise orthodoxe russe». Pour l’UCCRO, la liberté religieuse en Ukraine n’est pas menacée par l’interdiction de l’Eglise orthodoxe russe, mais par l’agression de la Russie. Il accuse l’Eglise orthodoxe ukrainienne de s’être rendue «complice des crimes contre l’humanité sanglants commis par les envahisseurs russes». Elle l’accuse de sanctifier les armes de destruction massive et de préconiser la destruction de l’Etat, de la culture et de l’identité ukrainiens.
Les représentants de l’Église orthodoxe ukrainienne, qui est membre de l’UCCRO, n’ont pas pris part à son adoption, a déclaré l’archiprêtre Nicolas Balachov, conseiller du patriarche Cyrille de Moscou.
La décision du Conseil pan-ukrainien des Églises et des organisations religieuses de soutenir le projet de loi sur l’interdiction de l’Église orthodoxe ukrainienne (sous l’omophore du métropolite Onuphre) est «absolument illégitime», a déclaré à l’agence TASS Nicolas Balachov, conseiller du patriarche de Moscou.
En effet, les représentants de Église orthodoxe ukrainienne, qui est membre du Conseil, n’ont pas participé à son adoption, et «selon le règlement sur le Conseil pan-ukrainien des Églises et des organisations religieuses (article 11), toutes les décisions de cet organe sont prises uniquement par consensus, avec le consentement des chefs ou des représentants autorisés de toutes les organisations religieuses qui sont membres de ce conseil». Les représentants de l’Église orthodoxe ukrainienne n’avaient pas été invités à la réunion, étant entendu que l’Église ne votera pas en faveur de la loi visant à sa destruction», a déclaré l’archiprêtre Nicolas Balachov.
«En fait, la loi adoptée ne prévoit pas d’interdiction de l’UOK dans son ensemble, comme l’écrit l’agence de presse KNA. À la demande de l’autorité responsable des communautés religieuses, les tribunaux devraient examiner individuellement chacune des quelque 10’000 paroisses et autres structures de l’UOK et décider séparément d’une interdiction. Cependant, le prêtre attache une signification symbolique à la loi. «L’adoption de la loi signifie que l’Église orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Moscou perdra tout simplement sa position privilégiée et ne sera plus, pour ainsi dire, l’Église d’État.»»
Le représentant de l’Église orthodoxe russe s’est dit convaincu que les parrains occidentaux des autorités ukrainiennes «resteront une fois de plus silencieux». «Apparemment, dans leur compréhension des «valeurs européennes» et des «règles» sur lesquelles repose leur ordre mondial, «l’interdiction de la plus grande communauté religieuse d’un pays européen est tout à fait appropriée», a asséné Nicolas Balachov. (cath.ch/orthoxie.com/risu/kathpress//kna/be)
Jacques Berset
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