Cardinal Pizzaballa: l'accord pour Gaza proche, certains s'y opposent

Les négociations de Doha sur le cessez-le-feu dans la bande de Gaza offrent des perspectives «encourageantes», estime le patriarche latin de Jérusalem dans un entretien accordé aux médias du Vatican. Mais le cardinal Pierbattista Pizzaballa met en garde contre les illusions faciles: les obstacles ne manquent pas et les difficultés sont encore nombreuses.

Le patriarche latin de Jérusalem exprime ses espérances pour l’obtention d’un accord qui mette fin à cette phase de la guerre à Gaza, éloignant aussi les perspectives d’une escalade du conflit. Mais «Dire qu’on approche d’un accord de trêve est une illusion», a déclaré samedi 17 août Sami Abou Zohri, membre du bureau politique du Hamas. «Nous ne sommes pas face à un accord ou à de véritables négociations, mais plutôt face à l’imposition de diktats américains», a déploré Sami Abou Zohri, en dénonçant «un énorme retour en arrière» lors de pourparlers à Doha entre les pays médiateurs, Etats-Unis, Qatar et Egypte, et les Israéliens.

«Enorme retour en arrière»

Dans une interview accordée aux médias du Vatican concernant les résultats des négociations de Doha, qui devraient reprendre dans quelques jours au Caire, il estime que les meilleures conditions sont actuellement réunies pour parvenir à un accord. «Bien sûr, il y aura toujours des opposants, il y a beaucoup d’obstacles, mais je crois que les conditions sont mûres pour que cette phase de la guerre puisse enfin être conclue et donc pour éviter une escalade, une extension du conflit avec l’intervention directe de l’Iran et l’extension de la guerre au Liban. Je le répète, les difficultés sont nombreuses, mais je crois qu’il y a aussi un effort impressionnant de la part des médiateurs, mais aussi des États-Unis, pour mettre un terme à cette situation. Les perspectives sont prometteuses».

La souffrance des enfants est «au-delà de ce que l’on peut imaginer»

Pendant ces négociations, les bombardements israéliens de la bande de Gaza ont déjà fait 21 morts ce dimanche, dont de nombreux civils, parmi eux six enfants à Deir el-Balah. La souffrance des enfants est «au-delà de ce que l’on peut imaginer», selon l’UNICEF, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance. Selon le ministère de la santé du Hamas, le cap tragique des 40’000 Palestiniens tués à Gaza depuis le 7 octobre – en grande majorité des civils – a été franchi le 15 août.

Le cardinal Pierbattista Pizzaballa admet qu’il ne faut pas se faire d’illusions: «le conflit n’est pas terminé, nous le voyons bien à Gaza avec les bombardements continus, avec la tragédie qui est sous les yeux de tous et qui nous laisse toujours sans voix».

Situation très grave dans en Cisjordanie, territoire illégalement occupé par Israël

Interrogé sur le sort de la petite communauté chrétienne prise dans la tourmente au nord de  Gaza, le patriarche latin de Jérusalem relève qu’elle «essaie de vivre cette situation dans les meilleures conditions et le plus sereinement possible, malgré les difficultés. Nous essayons activement d’aider la population grâce à l’aide que nous parvenons à obtenir non seulement des Chevaliers de L’Ordre de Malte mais aussi de nombreuses autres associations, la plus récente étant celle de l’Église mennonite qui a envoyé plus d’un millier de colis. C’est très beau de voir que dans cette situation très grave et tragique, il y a aussi beaucoup de solidarité».

Le cardinal Pizzaballa relève que la situation est également très grave dans les territoires occupés par Israël, en particulier en Cisjordanie, dénonçant le pogrom perpétré par un certain nombre de colons contre un village palestinien de Jit, entre les villes de Naplouse et Qalqilya, qui a fait un mort, Mahmoud Abdel Qader Sadda, âgé de 23 ans, tué par les colons, uu blessé par balles et d’importants dégâts matériels.

Des formes de violence de plus en plus extrêmes

«Ce n’est que le dernier épisode d’une série d’événements qui, au cours des derniers mois, ont caractérisé la tension continue et croissante dans toute la Cisjordanie; tensions, affrontements continus entre colons et Palestiniens, même avec la présence des forces armées israéliennes… Des tensions continues, qui rendent la vie de la population palestinienne de plus en plus difficile. Le risque d’explosion est là, c’est pourquoi il faut beaucoup travailler, d’abord pour un cessez-le-feu à Gaza et ensuite pour rétablir l’ordre, la sécurité et la vie ordinaire – pour autant que l’on puisse parler de vie ordinaire – dans l’ensemble de la Cisjordanie».

«Ce que nous voyons en Cisjordanie est un exemple palpable et concret de la façon dont la haine, le ressentiment, le mépris ont conduit à des formes de violence de plus en plus extrêmes et de plus en plus difficiles à contenir. Nous devons donc travailler dur, non seulement sur le plan politique, mais aussi sur le plan religieux, parce que la toile de fond de cette violence est aussi religieuse, pour faire en sorte que ces fauteurs de troubles, ces extrémistes, soient écartés, isolés et n’aient pas toute la force qu’ils ont aujourd’hui».

Le ministère palestinien des Affaires étrangères a dénoncé un «terrorisme d’Etat organisé» sous les yeux de la police et de l’armée israélienne, qui protège les colons en restant passive face aux agressions, quand elle n’est pas complice. (cath.ch/vaticannews/be)

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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