Une soirée a été organisée au Festival de Locarno dans le cadre de son Prix œcuménique délivré chaque année. Étaient présents des représentants des Églises – d’Interfilm et de Signis plus particulièrement -, du Festival du film de Locarno – dont Giona A. Nazzaro, directeur artistique du festival – et des professionnels du cinéma.
Dans son discours d’ouverture, Urs Brosi, secrétaire général de la RKZ, a demandé aux Églises de développer leurs relations avec les arts, et plus particulièrement le cinéma. Il les a appelées à repérer parmi leurs collaborateurs ceux qui auraient ce «talent» et à «les décharger du poids de trop nombreuses tâches d’organisation internes à l’Église».
A ses débuts, le 7e art a été déconsidéré par les Églises, qui s’en méfiaient, a souligné Urs Brosi. Le pape Pie XI a même publié en 1936 une encyclique à ce propos, Vigilanti cura, dans laquelle il demandait aux évêques de mettre en place des bureaux de contrôle des films. Ceux-ci devaient sélectionner les films conseillés aux catholiques et leur signaler ceux qui seraient contraires à la morale. Deux ans plus tard, le premier bureau catholique officiel du cinéma en Suisse, le Filmbüro, a ainsi été créé, a encore précisé secrétaire général de la RKZ.
Mais au fil des années, les lignes ont bougé. «De nombreux critiques de cinéma catholiques sont passés du statut de gardiens et d’avertisseurs à celui de véritables cinéphiles, qui ont encouragé de diverses manières le cinéma en Suisse.» Après la Seconde Guerre mondiale, l’Office catholique international du cinéma (OCIC) a commencé à participer à des festivals de cinéma internationaux tels que Cannes, Venise ou la Berlinale, et un jury de cinéma catholique a décerné des prix. Et dans l’élan œcuménique des années 70, un prix œcuménique a été créé pour le Festival du film de Locarno.
Urs Brosi a toutefois fait remarquer lors de son intervention que le cinéma est moins utilisé aujourd’hui qu’il y a une ou deux générations dans l’enseignement religieux et la formation des adultes. Le nombre de collaborateurs de l’Église «capables d’ouvrir un accès au mystère de la foi à l’aide des arts semble être en recul (…) S’il vous plaît, encouragez de telles personnes», a-t-il lancé.
Pour le secrétaire général de la RKZ, les arts sont en effet des vecteurs de foi à privilégier, qui mènent à vivre parfois des moments de grâce. «Il y a un an, j’en ai moi-même vécu un au festival lors de la projection du film The Old Oak de Ken Loach a-t-il témoigné. A travers le personnage de T.J. Ballantyne, le propriétaire d’un pub anglais qui soutient des réfugiés syriens, j’ai pris conscience de l’importance de l’événement du Christ de manière toute nouvelle.» (cath.ch/com/lb)
Lucienne Bittar
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