Christophe Salgat prend néanmoins le temps de se faire le guide d’une exposition qui débute avec la Genèse et qui s’achève avec un canot pneumatique rempli de migrants en perdition dans une mer de tissu agitée. Les visiteurs retrouveront les grands épisodes de l’Ancien et du Nouveau Testament ainsi que de l’histoire de l’Eglise du Moyen-Age à nos jours. Sans oublier quelques lieux et personnages que les Prévôtois reconnaîtront au premier coup d’œil, telle cette confirmation célébrée par Mgr Félix Gmür à l’église de Moutier.
Des reconstitutions de villes et d’événements ont permis au théologien en pastorale d’insérer des figurines représentant le pape Jean XXIII annonçant le concile Vatican II, Mère Teresa, Martin Luther King prononçant son célèbre discours ou encore les moines de Tibhirine posant pour cette photo devenue iconique.
Les épisodes bibliques semblent se fondre dans le décor mais en sont habilement séparés de sorte que le visiteur puisse bien les voir. «Des livrets permettront d’identifier les scènes numérotées. Une solution que j’ai préféré à des légendes posées sur les tables que je trouvais moins esthétiques», précise Christophe Salgat.
Cette ultime journée de préparatifs avant l’ouverture des portes de la Maison des Œuvres de Moutier clôt quatre ans de travail dont un mois passé à installer l’exposition. Avant de filer, le théologien en pastorale prend la pose pour la photo. Il semble perdu au milieu des 80 m2 d’exposition et des deux mille figurines qui retracent l’histoire du Salut à travers 50 scènes de la Bible et une trentaine de l’histoire de l’Eglise.
«Tout ça, c’est grâce à Casimir!», lance-t-il en souriant. Il fait allusion à Casimir Gabioud – alias le clown Gabidou – agent pastoral et notamment responsable avec sa femme de la Pastorale de la Famille dans le diocèse de Sion. En 2021, le Valaisan avait installé sa grande crèche Playmobils à la Maison des Œuvres à la demande du Christophe Salgat qui l’avait découverte l’année précédente. «J’ai trouvé ça génial! Ça m’a parlé! Pour annoncer et promouvoir la crèche, j’avais fait un montage avec quelques figurines sur une table au mois de septembre précédant qui a eu beaucoup de succès de même que la crèche de Casimir. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire».
Si l’installation du Valaisan se focalise sur la nativité – avec une dizaine de paraboles disséminées dans le décor – le Jurassien pense à balayer l’histoire de l’humanité. Durant quatre ans, il conceptualise son exposition. «En fait, ce fut un travail quotidien. J’ai fait évoluer le concept par petites touches, un peu à la manière d’un peintre impressionniste. J’y pensais le soir après des journées de travail parfois très denses. De bonnes heures perdues!» Certes, l’inspiration vient de la réalisation de Casimir Gabioud, mais Christophe Salgat développe le projet à partir de ses idées… et de ce que la marque de figurines propose.
«Seuls les playmobils et leurs nombreux accessoires permettent de telles installations», explique le Prévôtois. La marque propose des boîtes sur des thèmes religieux comme l’Arche de Noé, la crèche ou les rois mages ou encore Martin Luther. Pas de problème pour imaginer les scènes. «Parfois j’ai dû bidouiller pour trouver mes personnages ou les bricoler Les Vierges Maries sont en fait une déesse grecque. «En bleu et blanc, je la trouvais plus vraie que nature.» Pour Desmond Tutu, une bénévole a cousu un habit à la couleur de la robe du célèbre évêque anglican et une étole pour le pape Jean XXIII. Les séries sur l’antiquité romaine facilitent également les installations et les scènes de la Passion du Christ.
Pour compléter ses trouvailles, le Prévôtois fait les brocantes, ou achète des lots d’occasion chez Caritas ou à l’Armée du Salut. «Au courant de mon projet, des amis m’ont donné les playmobils de leurs enfants. Et j’ai acheté de nombreux lots d’occasion sur internet, notamment en Espagne où de nombreux fans de la marque ont créé un véritable mercato.» Et pour ce qui concerne l’Arche d’Alliance, «Casimir me l’a prêtée». Soucieux du détail, le théologien s’est assuré que des flamants roses posés sur le Nil n’étaient pas anachroniques. Il le souligne avec insistance: ce projet un peu fou est familial. Sa femme et ses quatre enfants ont largement participé à la réalisation de l’exposition.
Difficile de donner un budget, dont il n’affirme ne pas avoir de chiffres précis. «Le service du Cheminement de la Foi du Jura Pastoral et la paroisse catholique de Moutier m’ont bien aidé, notamment pour la communication». D’une durée d’un mois, l’exposition semble plutôt courte. «Vous n’êtes pas le premier à me poser la question. La paroisse compte une soixantaine de groupes paroissiaux et de mouvements qui utilisent cette salle. Elle est bloquée depuis un mois et elle ne sera pas accessible pendant encore un mois. Il est difficile de la garder plus longtemps».
Au-delà des idées et de la réalisation, le projet est aussi catéchétique, souligne Christophe Salgat. «Il y a pour moi une véritable dimension spirituelle à ce projet. Je me dis que ce que j’ai vécu spirituellement en réalisant cette exposition, les visiteurs le ressentiront en la contemplant. Lorsque j’ai réalisé ce Christ mort au milieu des siens avant d’être enseveli en lui peignant les yeux d’un mort, j’ai été touché. J’ai un lien avec ce Jésus qui a donné sa vie pour nous.»
Il y a plusieurs portes d’entrée dans la foi, explique le théologien. «Ce peut être le chant, le scoutisme. Mais je me dis que cette exposition peut éveiller quelque chose chez certains visiteurs.» Loin de lui l’idée de conversion, mais il évoque cette adolescente de 12 ans, touchée par la crèche de Casimir Gabioud, qui est venue cinq fois la voir en amenant ses proches et des amis.
La dimension pédagogique du projet peut produire un déclic, souligne-t-il. Cette exposition veut offrir le plaisir de la maquette et une réflexion sur notre histoire commune. «Aussi modeste soit-elle, cette exposition peut être une porte d’entrée dans la foi. Le feu que je porte en moi pour cette réalisation en a été le moteur.» (cath.ch/bh)
Histoire du Salut, Chemin de foi : du 9 août au 8 septembre 2024
A Moutier à la Maison des Œuvres, rue du Midi, 8.
Les mercredi, samedi, dimanche de 15h à 18h.
Groupes sur rendez-vous: 032/421 98 80 – scf@jurapastoral.ch
Bernard Hallet
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/moutier-2000-playmobils-retracent-lhistoire-du-salut/