Les libres-penseurs veulent une réduction des contributions de l’État aux Églises

Les Églises du canton de Zurich reçoivent chaque année des contributions de 50 millions de francs de l’État. En vue du renouvellement de la contribution pour la période 2026-2031, Sonja Stocker, co-présidente de l’Association des libres-penseurs, demande une réduction progressive de ces fonds. Le président du Conseil synodal, Raphael Meyer, rejette cette idée.

Barbara Ludwig, kath.ch/traduction et adaptation Maurice Page

Le canton de Zurich verse chaque année un total de 50 millions de francs aux Églises pour leurs tâches d’intérêt général. Les réformés, les catholiques et les catholiques-chrétiens bénéficient de ces subventions. La corporation catholique romaine a ainsi reçu 23,4 millions de francs l’an dernier.

Ces contributions, qui s’ajoutent aux revenus des impôts ecclésiastiques directement perçus par les Églises, doivent être approuvées tous les six ans par le parlement cantonal. La prochaine période de financement concerne les années 2026 à 2031

37% des Zurichois sont sans religion

Sonja Stocker, coprésidente de l’Association des libres penseurs, a d’ores et déjà demandé une réduction de ces contributions, au motif qu’un nombre grandissant d’habitants se déclarent sans  religion. Dans une interview à la Neue Zürcher Zeitung du 7 août 2024, Mme Stocker renvoie à une étude de l’Université de Zurich de l’année dernière, remettant en question le cadre financier actuel et arrivant à la conclusion qu’une réduction progressive serait indiquée.»Nous ne savons pas assez précisément ce que les Églises font avec l’argent de l’État», critique-t-elle.

Les offres des Églises n’ont pas diminué

Raphael Meyer, président du conseil de la corporation catholique romaine, réfute ces arguments. «De mon point de vue, il n’y a aucune raison de réduire les contributions de l’État, car les offres des Églises pour la population zurichoise n’ont pas diminué», a-t-il fait savoir à kath.ch. ll n’accepte pas le reproche d’un manque de transparence. «Dans le canton de Zurich, les Églises soumettent au Conseil d’État, avant chaque période de financement, un programme dans lequel elles indiquent pour quelles offres elles souhaitent utiliser les contributions de l’État». C’est sur la base de ce programme que le gouvernement propose au Grand Conseil le montant des contributions.

A la fin de la période, les Églises doivent rédiger un rapport indiquant ce qu’elles ont réalisé. Les offres doivent être accessibles à l’ensemble de la société – donc pas seulement aux membres de l’Eglise. Tant le programme que le rapport d’activités sont publics. Le tout est réglé par la loi cantonale sur les Églises. Tout en estimant que le système actuel a fait ses preuves, Raphael Meyeer signale être prêt à discuter si les politiques décident de directives plus strictes.

Non au financement du culte

Pour la co-présidente de l’Association des libres penseurs, les Églises devraient recevoir des directives précises sur ce qu’elles peuvent ou ne peuvent pas financer avec les contributions de l’État. Aujourd’hui, les 50 millions de francs peuvent également être utilisés pour des actes cultuels, dénonce-t-elle. «Il n’est pas acceptable que l’État laïc doive verser une contribution pour les services religieux.» 

«Ce ne sont pas les services dominicaux dans les paroisses qui sont financés, mais uniquement les actes cultuels qui revêtent une importance pour l’ensemble de la société», répond Raphael Meyer.  Qui cite en exemple le culte d’ouverture de la législature du Grand Conseil, la prière interreligieuse pour le 1er août, une prière interreligieuse pendant la pandémie du Covid ou le culte pour la cérémonie de remise des brevets de la police cantonale. En outre les services religieux de nombreuses communautés de migrants contribuent à l’intégration et revêtent donc une importance pour l’ensemble de la société, même si l’offre s’adresse en premier lieu aux membres de l’Eglise. Pour lui, l’engagement pour la société – et pas seulement dans le domaine social – fait partie de «l’ADN chrétien».

Pour l’heure  les divers groupes parlementaires n’ont pas encore pris position sur les contributions aux Églises. (cath.ch/kath.ch/bal/mp)

Comment les Églises se financent-elles en Suisse?
Dans la plupart des cantons, l’Eglise catholique est reconnue de droit public (à l’exception de GE et NE). Cette reconnaissance s’accompagne généralement du droit de prélever des impôts ecclésiastiques, indique Daniel Kosch, ancien secrétaire général de la Conférence centrale catholique romaine de Suisse (RKZ). Ce droit fiscal est confié par l’État aux paroisses organisées démocratiquement. L’argent est géré par une autorité élue, le conseil paroissial. Les cantons disposent aussi d’une corporation ecclésiastique cantonale (Eglise cantonale). Les budgets et les comptes de ces instances sont publics.
Les paroisses et les corporations cantonale sont les employeurs des collaborateurs et collaboratrices de l’Eglise. Outre les salaires, l’entretien des bâtiments, l’enseignement religieux, les activités de jeunesse, la formation des adultes, la musique d’église, l’aide sociale et l’aide au développement constituent les autres postes du budget. Il existe toutefois des différences considérables entre les cantons.
Outre, les impôts ecclésiastiques, les Églises disposent d’autres sources de financement. Dans plusieurs cantons, l’État verse une contribution aux Églises pour les tâches d’intérêt général ou des contributions directes pour des tâches spécifiques comme les aumôneries, l’accueil des migrants ou l’aide caritative.
Les collectes et les dons constituent également une source de revenus. Ils sont le plus souvent consacrés à l’entraide.
Enfin une autre source de financement de l’Eglise est constituée par les recettes provenant de l’exploitation des biens fonciers, immobiliers, et patrimoniaux de l’Eglise, des revenus du travail des institutions ecclésiales ou des fondations ecclésiales. MP

Maurice Page

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