Nouveaux records de violences contre les indigènes du Brésil

Au moins 208 indigènes ont été assassinés au Brésil en 2023. C’est ce que révèle le rapport «Violence contre les peuples indigènes», publié le 22 juillet par le Conseil indigène missionnaire (CIMI). C’est le deuxième pire résultat enregistré depuis 2014.

L’élection de Lula à la tête du Brésil n’a rien changé. Pas plus que la création d’un Ministère des peuples indigènes ou encore la nomination de Joênia Wapichana, ex-députée fédérale, à la tête de la très stratégique Fondation nationale de l’Indien (Funai), premier maillon de la protection des droits des peuples indigènes et de leurs territoires.

D’après le nouveau rapport annuel 2023 publié par le CIMI – un organisme lié à la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB) -, le Brésil a été le cadre l’an dernier de plus de 1200 cas de violations patrimoniales, 404 cas d’attaques d’indigènes, dont 208 se sont soldées par des assassinats. Pire, le document montre que les pouvoirs publics ont peu avancé dans la délimitation des terres et il met en évidence l’inertie dans la lutte contre les violences.

La question des terres indigènes

«Huit terres autochtones ont été homologuées au cours de la première année du nouveau gouvernement, soit un nombre bien inférieur aux attentes, même s’il est plus élevé que celui des dernières années», indiquent les auteurs du rapport. «Les progrès limités dans la démarcation ont pour conséquence l’intensification des conflits, des menaces et des attaques violentes contre les indigènes.»

Parmi les violences contre le patrimoine, le rapport met en évidence 850 cas d’omission et de lenteur dans la régularisation des terres indigènes (TI). En outre, 150 conflits relatifs aux droits territoriaux et plus de 270 cas d’invasions de propriété, d’exploitation illégale des ressources naturelles et de dommages divers au patrimoine ont été enregistrés.

Violations contre des personnes

Toujours selon le rapport, 208 meurtres et 35 tentatives d’homicide ont été enregistrés en 2023. «L’année a été marquée par une série de conflits territoriaux et de meurtres impliquant des querelles, souvent alimentées par l’alcool. 31% des décès enregistrés par le CIMI ont été causés par une arme à feu, 29% par une arme blanche perforante et 12% par des coups», précise le document. Le CIMI cite plusieurs exemples de violence extrême, comme l’attaque à l’arme à feu lors d’un rituel funéraire sur la terre indigène Yanomami. «Outre les meurtres, il y a eu des menaces, des blessures corporelles, du racisme et de la discrimination ethnique et culturelle, ainsi que des violences sexuelles», précise le rapport.

Les répercussions sur la santé

Le CIMI souligne encore que le manque d’action des pouvoirs publics pour accélérer la régularisation des terres des peuples autochtones est à l’origine des négligences dans des secteurs tels que la santé et l’éducation. C’est le cas, par exemple, dans les communautés qui font face à une dévastation environnementale provoquant la transformation des modes de vie. Cela finit parfois par altérer l’accès à la nourriture et aux politiques de santé. Conséquence? 1040 décès d’enfants autochtones âgés de moins de quatre ans ont été enregistrés en 2023. La plupart dus à des maladies évitables et traitables, comme la diarrhée, la grippe et la malnutrition. (cath.ch/jcg/lb)

Jean-Claude Gérez

Portail catholique suisse

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