Joe Biden a annoncé sur le réseau X qu’il ne se présenterait finalement pas au nom du parti démocrate pour un nouveau mandat à la tête des États-Unis. Il a immédiatement soutenu, dans la foulée, la candidature de sa vice-présidente Kamala Harris. A 59 ans, la Californienne apparaît comme le choix le plus probable pour les démocrates. Ils en décideront lors de leur convention nationale, qui se déroulera du 19 au 22 août à Chicago.
Outre celui du président actuel, Kamala Harris, a reçu, dès le 22 juillet, le soutien de 500 délégués démocrates. Elle est en tout cas largement première dans les sondages au sein des démocrates. Pour l’élection présidentielle du 5 novembre, elle est cependant donnée pour l’instant perdante face au républicain Donald Trump.
La religion est un facteur important pour les électeurs américains. La foi est fréquemment utilisée comme argument de campagne. Le profil de Kamala Harris dans ce domaine avait déjà été scruté lors de son accession à la vice-présidence, en 2020, les observateurs mettant en avant ses forces et faiblesses.
Kamala Harris est née à Oakland, en Californie, d’un père jamaïcain immigré – Donald Harris – et d’une mère indienne immigrée – Shyamala Gopalan. À la fois noire-américaine et sud-asiatique, elle grandit dans un foyer aux pratiques religieuses chrétiennes et hindoues. Adulte, elle épouse Douglas Emhoff, un avocat juif né à Brooklyn.
Son prénom, Kamala, signifie «lotus» en sanskrit. C’est aussi l’autre nom de la déesse hindoue de la fortune, de la prospérité, de la richesse et de l’abondance, Lakshmi. Kamala Harris a visité l’Inde à plusieurs reprises lorsqu’elle était jeune fille. Elle y a notamment fait la connaissance des membres de sa famille qui y résident. Ses parents divorcent alors qu’elle est âgée de 7 ans. Elle grandit entre Oakland et Berkeley, fréquentant des églises à prédominance noire. Elle se considère aujourd’hui comme une ‘baptiste noire’. Cette Église est historiquement marquée par la recherche de la justice sociale et l’activisme en faveur des droits civiques. De nombreux lieux de culte ont joué un rôle central dans ces mouvements, en servant de lieu de rassemblement et de manifestation aux militants.
Des observateurs considèrent que le «métissage» religieux de Kamala Harris pourrait être un de ses points forts pour la campagne. En 2020, le média américain Religion News Service (RNS) estimait qu’elle incarnait «l’avenir de la religion américaine». Le pluralisme, qu’il soit religieux ou culturel, est en effet de plus en plus présent dans la société américaine.
D’après le Public Religion Research Institute (PRRI), le nombre d’Américains changeant d’appartenance religieuse au cours de leur vie est en augmentation. La jeune génération du pays, dont beaucoup sont des enfants et des petits-enfants d’immigrés récents, pourrait ainsi se reconnaître en Kamala Harris, également quant à une forme de religiosité ouverte, davantage choisie qu’héritée.
Même si les sans-religions sont de plus en plus nombreux dans le pays, comme ailleurs en Occident, plus de 60% des habitants se considèrent encore comme chrétiens. Il est ainsi probable que l’appartenance de Kamala Harris à cette religion lui soit favorable. La vice-présidente a publiquement reconnu sa foi chrétienne. Elle y a fait référence dans le contexte de ses valeurs et de ses motivations pour le service public. Elle a été vue à des cultes et à des événements chrétiens, bien que la régularité de sa pratique ne soit pas connue.
Lorsqu’elle s’est présentée aux élections présidentielles, en 2019, elle a souvent utilisé l’image du bon Samaritain. «Ce que nous apprenons dans cette parabole, c’est que le prochain est la personne devant laquelle vous passez dans la rue (…) c’est comprendre que nous sommes tous frères et sœurs», a-t-elle notamment affirmé.
Dans plusieurs discours, Kamala Harris a invoqué la théologie de la libération, cette branche sociale du christianisme qui se soucie particulièrement des plus pauvres et met l’accent sur la libération politique des peuples opprimés.
Conformément à la ligne démocrate, elle a toujours soutenu le droit à l’avortement et à la contraception. Elle s’est notamment activement engagée contre les «exceptions religieuses» concernant les affiliations aux assurances maladies. Aux États-Unis, des groupes de croyants demandent depuis des années, au nom de la liberté religieuse, à ne pas être obligés de souscrire à des assurances incluant des soins de santé reproductive allant à l’encontre de leurs principes.
Des positionnements affirmés qui pourraient nuire à la Californienne dans les milieux chrétiens spécialement sensibles sur ces problématiques. Il est ainsi douteux qu’elle puisse convaincre largement dans l’électorat blanc, rural et traditionnellement conservateur. La question est de savoir si les points potentiellement gagnés dans les populations urbaines, métissées et progressistes suffiront à lui donner l’accès à la Maison Blanche. (cath.ch/rns/ag/arch/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
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