Michael Francis Crotty était jusqu’à présent le représentant du Saint-Siège au Burkina Faso et au Niger. Né en 1970 à Mallow, dans le sud de l’Irlande, il a été ordonné prêtre en 1994 avant d’être envoyé à l’Académie pontificale ecclésiastique, «l’école des nonces», pour embrasser une carrière de diplomate au service du Saint-Siège. Docteur en histoire de l’Église, il part en 2004 pour le Canada en tant que secrétaire de nonciature, puis en Irak et en Jordanie. Il retourne à Rome pour servir à la section pour les relations avec les États de la secrétairerie d’État avant d’être missionné en Espagne.
Nommé en 2020 par le pape François nonce apostolique au Burkina Faso et au Niger, deux pays d’Afrique de l’Ouest en proie à une forte insécurité, il est ordonné évêque par Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les relations avec les États.
Avec sa nouvelle mission au Nigeria, le diplomate irlandais va opérer dans le pays le plus peuplé d’Afrique (236 millions d’habitants selon The World Factbook de la CIA). Un peu plus de la moitié de la population est musulmane, 10% est catholique. Les fidèles d’autres confessions chrétiennes forment 35% de la population.
Dans certaines régions du Nigeria, de très vives tensions traversent la communauté catholique du fait des disparités ethniques. Le cas du désormais cardinal Peter Okpaleke a particulièrement éclairé le phénomène du tribalisme, régulièrement dénoncé par le pape.
Nommé évêque d’Ahiara en 2012 par Benoît XVI, Peter Okpaleke a immédiatement été rejeté par ses diocésains car il ne faisait pas partie de l’ethnie majoritaire. Malgré les efforts de Rome, il a dû démissionner de sa charge en 2018. Le pape François l’a nommé deux ans plus tard évêque d’un diocèse créé pour lui. Puis le pontife l’a créé cardinal en 2022, un geste fort pour signifier son soutien et son refus du tribalisme.
Le Nigeria revient souvent dans les prières du pape argentin, du fait de la très grande insécurité qui y sévit. En février dernier, le pontife a dénoncé les enlèvements «de plus en plus fréquents» et demandé de prier pour endiguer la propagation de ce phénomène mortifère. Depuis mai 2023, plus de 4000 enlèvements auraient eu lieu dans ce pays, rapportait le mois dernier Vatican News, alors qu’un prêtre catholique de l’État de Kaduna, dans le nord-ouest du pays, venait d’être libéré après deux jours de captivité.
Dans son rapport 2023 sur la persécution des chrétiens dans le monde, l’ONG Portes Ouvertes estimait que le Nigeria était le premier pays en termes de violences contre les chrétiens. «Le Nigeria représente 89% des chrétiens tués et 90% des chrétiens kidnappés dans le monde. Il figure aussi en deuxième position en ce qui concerne les églises attaquées.»
«Les chrétiens sont souvent spécifiquement visés en raison de leur foi par les groupes terroristes islamiques Boko Haram, État islamique en Afrique de l’Ouest, et par des militants extrémistes et des criminels fulanis (ou peuls) qui enlèvent et assassinent presque impunément», détaillait encore le rapport de l’ONG protestante. (cath.ch/imedia/hl/rz)
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