Roumanie: rencontre «d’artisans de paix» de Suisse et d’ailleurs

La 39e rencontre du «Synaxe» a réuni une quarantaine de membres de diverses confessions chrétiennes, du 3 au 9 juillet 2024 près de Sibiu, au centre de la Roumanie. Des personnalités actives dans l’œcuménisme venues de toute l’Europe, dont de Suisse, ont échangé sur le thème «Heureux les artisans de paix».

Les membres de Synaxe, de confession catholique, protestante et orthodoxe ont vécu une semaine de partage, de réflexions et de prières dans le monastère orthodoxe de Brâncoveanu, au pied des Carpates, rapporte Martin Hoegger, pasteur de l’Église évangélique réformée du Canton de Vaud (EERV), dans un communiqué envoyé à cath.ch. Il s’agissait de la cinquième rencontre de ce type pour le protestant vaudois.

Les Rencontres internationales et interconfessionnelles de religieux/ses (EIIR) ont été fondées par le métropolite orthodoxe grec Emilianos Timiadis (représentant permanent du Patriacat œcuménique de Constantinople auprès du Conseil œcuménique des Églises-COE à Genève) et Mgr Julian Garcia Hernando (responsable pour l’œcuménisme de la Conférence épiscopale catholique d’Espagne). La première rencontre, en 1970, a été accueillie par la communauté des Sœurs de Grandchamp (Église Réformée), dans le canton de Neuchâtel. L’association EIIR s’appelle «Synaxe» depuis 2022. RZ

Difficulté de vivre l’amour des ennemis

Le thème de cette année était «Heureux les artisans de paix!». Les participants ont donc été amenés à s’interroger sur la réflexion selon laquelle «la paix bénie par le Christ est le résultat et le fruit de la purification du cœur et de l’union avec Dieu». Cette paix commence par rencontrer les autres et les écouter: «Il faut une hospitalité du visage et de l’oreille», ont rappelé les membres de Synaxe.

Le pasteur Jean-Philippe Calame, aumônier de la communauté de Grandchamp (NE), a estimé que la paix est essentiellement un don qui descend de Dieu. «Elle est dans l’histoire, mais pas ‘de’ l’histoire. Jésus seul est la paix accomplie de Dieu. La politique ne suffit pas à la créer. Lui seul peut la donner.»

La question «Comment être davantage artisan de paix?» a accompagné le panel interconfessionnel tout au long du séjour, «surtout dans des contextes dans lesquels il est difficile de vivre l’amour des ennemis». Un participant venant d’Ukraine a témoigné de cette difficulté.

Claretain et spécialiste de la vie consacrée, le catholique Maurizio Bevilacqua a donné une réflexion sur le pardon et la paix à la lumière du célèbre «cantique de frère soleil» de François d’Assise: «Loué sois-tu, mon Seigneur, pour ceux qui pardonnent pour Ton amour et soutiennent maladie et tribulation». Saint François est ainsi convaincu que toute réconciliation requiert avant tout la capacité de pardonner.

Le métropolite orthodoxe roumain Serafim a insisté sur l’importance de l’intériorisation. Toute prière doit être une prière du cœur, pas seulement celle qu’on appelle «prière de Jésus». La méditation doit descendre dans notre cœur, au moyen de l’ascèse et de la prière, a-t-il rappelé.

Moments riches de diversité

Le professeur Pierre-Yves Brandt, de la Faculté de théologie de Lausanne, a vu dans Abraham l’exemple du doux qui vit la béatitude de la douceur, notamment lorsqu’il apaise un conflit entre ses bergers et ceux de Lot. «Le doux est aussi un artisan de paix. Entre les confessions chrétiennes, nous avons aussi besoin de ces artisans, à savoir des hommes et des femmes qui n’occupent pas tout l’espace, mais laissent aux autres la possibilité de répondre à l’appel qu’ils ont reçu», a souligné le théologien.

Au-delà des discussions, les participants ont réalisé des visites de lieux de culte de la région et partagé des moments de spiritualité. «Les moments de célébrations étaient riches de diversité. Ils nous ont rassemblés dans l’unité de la foi au Christ confessé dans le Credo de Nicée-Constantinople, dont nous allons commémorer les 1700 ans de sa promulgation, en 2025», assure Martin Hoegger. «Certes, nous avons ressenti la douleur d’une communion eucharistique imparfaite, admet le pasteur. Mais nous nous sommes rappelés que les murs ne vont pas jusqu’au ciel. Malgré cela, nous avons pu partager tant de belles choses et avons été encouragés à faire des pas en avant.» (cath.ch/com/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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