Les 12 organisations concernées par le décret sont toutes chrétiennes, certaines évangéliques, rapporte le site américain Crux. Le gouvernement nicaraguayen a justifié le retrait du statut juridique sous le motif que ces entités auraient omis de soumettre pendant des années leurs rapports financiers et des informations sur leurs administrateurs. Radio María Nicaragua était légalement établie dans le pays depuis 2000.
Sans statut juridique toutes les organisations touchées verront leurs biens transférés à l’État. On ne sait pas encore si une mesure de fermeture sera finalement adoptée contre la radio catholique. Cette dernière était dans le collimateur du régime depuis au moins le mois d’avril, alors que le gouvernement avait bloqué ses comptes bancaires. Depuis lors, la station avait réduit sa période de diffusion.
Radio Maria fait partie d’un réseau international fondé dans le diocèse de Milan, en Italie, en 1983. Le réseau comprend aujourd’hui 129 stations de radio dans 84 pays. La Famille Mondiale de Radio Maria n’a aucun lien direct avec un organisme ecclésiastique et n’est pas directement financée par l’Église, mais par ses auditeurs.
Ce dernier décret s’inscrit dans un contexte général de répression de l’Église au Nicaragua. Le régime Ortega considère que le clergé a pris parti pour l’opposition et le traite comme un ennemi de l’État. Plusieurs congrégations ont été interdites sur le territoire, dont les jésuites. En février 2023, Mgr Rolando Alvarez, évêque de Matagalpa, a été condamné à 26 ans de prison pour «conspiration contre le gouvernement». Il a finalement été libéré en janvier 2024 et est actuellement toujours en exil à Rome.
Début juillet 2024, un prêtre indigène nicaraguayen, qui se trouvait aux Etats-Unis pour des activités missionnaires, a été empêché de retourner dans son pays par le gouvernement Ortega.
Le pape François a plusieurs fois appelé le gouvernement nicaraguayen à la raison et à cesser de persécuter l’Église locale. Malgré cela, certains estiment que le Vatican n’en fait pas assez pour protéger les catholiques locaux. Álvaro Leiva Sánchez, leader de l’Association nicaraguayenne pour la défense des droits de l’homme (ANPDH) affirme ainsi à Crux que «le clergé nicaraguayen n’a plus la force d’influencer la société comme il le faisait par le passé». Il estime que le Vatican n’a pas agi pour défendre l’Église nicaraguayenne face à «une crise sociopolitique et humanitaire permanente engendrée par un régime répressif». «Les prêtres nicaraguayens ont été abandonnés», déplore le militant des droits humains. (cath.ch/crux/arch/rz)
Raphaël Zbinden
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/le-regime-nicaraguayen-abolit-le-statut-juridique-de-radio-maria/