Un délicieux parfum de galette et de crêpe flotte dans la salle multiactivités de Muraz (VS) où environ 90 personnes animent une belle soirée d’été en dégustant du cidre – du cidre brut, bien sûr! – dans des airs du bagad de Quimper. Une cinquantaine de Bretons de Saint-Anne-d’Auray ont été accueillis par les paroissiens de Collombey-Muraz du 1er au 6 juillet. Ils ont répondu à l’invitation des Bas-Valaisans qui étaient une soixantaine à avoir fait le pèlerinage à la découverte du sanctuaire breton et de sa région en 2022. Un diaporama photo projeté sur l’écran de la salle rappelle d’ailleurs l’épopée valaisanne dans le Morbihan.
Durant une semaine, les Français, accompagnés de paroissiens bénévoles qui se sont relayés à leur service, ont sillonné le Valais à la découverte notamment du Grand-Saint-Bernard, de l’église d’Hérémence, de la cathédrale de Sion ou encore du château de Chillon. Ils étaient conduits par le jeune prêtre Simon Liot de Nortbécourt. Assiste-t-on à ce qui pourrait être un jumelage de paroisses entre la France et la Suisse? «Il faut mettre des guillemets à jumelage», indique d’emblée en souriant l’abbé Jérôme Hauswirth à cath.ch. L’actuel curé de Monthey s’est activé à la réussite de l’échange entre Sainte-Anne-d’Auray et Collombey-Muraz.
La genèse de ce premier échange transfrontalier entre paroisses remonte au début des années 2010. Plus exactement à l’Université et au séminaire de Fribourg. Le jeune Simon de Norbécourt y est envoyé par son évêque étudier la théologie. Ils se sont croisés en 2013, mais c’est au cours de ses études qu’il se lie d’amitié avec Valentin Roduit, jeune séminariste valaisan. Ce dernier lui fait découvrir sa région.
Valentin et son homologue français se retrouvent en stage à la paroisse de Muraz, sous la houlette de l’abbé Hauswirth, à l’époque curé de la paroisse. La découverte du Valais inspire à Simon – surnommé «Simon le Breton» pour éviter la confusion avec Simon Roduit, frère de Valentin, également au Séminaire – l’idée de faire découvrir leurs régions aux paroisses respectives du Bas-Valais et de la Bretagne. L’idée est lancée en 2020 lors d’une soirée que passent les deux futurs prêtres avec leur curé.
Quatre ans plus tard, le deuxième échange se déroule en Valais. «Nous apprenons à nous connaître», explique Simon de Nortbécourt, la voix posée. «Ce pèlerinage est l’un des fruits de mes études. Thomas d’Aquin évoque la charité comme une amitié entre Dieu et les hommes à travers une réciprocité. Cette réciprocité, dans la découverte de l’autre, est une forme de charité à travers laquelle il faut savoir donner et recevoir. Ce que ces pèlerins accomplissent cette semaine.»
De fait l’expérience semble avoir du succès. La cinquantaine de Bretons, hébergés au monastère des bernardines et chez l’habitant, sont ravis de leur pèlerinage. «Je connaissais Fribourg car mon fils y a vécu, mais pas le Valais. C’est beau!», témoigne Marie-Reine qui a été touchée notamment par la visite que le groupe a effectuée au Grand-Saint-Bernard. «D’ailleurs j’ai noté dans mon carnet: ‘ici le Christ est nourri et adoré’.» Elle est aussi très touchée par l’accueil des Suisses. Tout comme Yann: «Pas sûr qu’en France on aurait aussi bien accueilli les pèlerins suisses. Surtout, les gens sont à l’écoute, pas agressifs, c’est très agréable.». D’autres échangeront leurs coordonnées avec leur hôte pour se retrouver plus tard.
L’abbé Hauswirth compte organiser à nouveau un pèlerinage en Bretagne en 2026.
«Cet échange nourrit l’Église universelle, nous vivons un beau témoignage de l’Église que nous sommes, familles, jeunes, retraités», se réjouit Marie-Agnès qui est venue avec son mari et ses cinq enfants. «En Bretagne ou en Suisse, nous sommes l’Église.». Elle a découvert la dimension œcuménique de la Suisse lors du passage du groupe à Vevey dans le canton de Vaud. Suite à la messe, le prêtre a expliqué la réalité que vivent les chrétiens en Suisse.
L’abbé Philippe Aymon a organisé une visite de la cathédrale, puis les Bretons sont montés à la basilique Notre-Dame de Valère où les attendait Mgr Jean-Marie Lovey, évêque de Sion, pour célébrer la messe. Il a salué les «amis venus de Bretagne accompagnés par leur pasteur adopté par le Valais et qui a fait ses études à Fribourg. Il faut rendre grâce à Dieu pour sa présence au milieu de nous.»
Le dernier soir, les sœurs du monastère ont reçu de nombreux cadeaux des pèlerins qu’elles ont hébergés durant la semaine. Parmi les spécialités, livres et souvenirs de la Bretagne, se trouvait une statuette de sainte Anne. Posée sur le rebord d’une fenêtre en forme de niche, le temps de sa bénédiction, elle y est finalement restée, tant elle semblait avoir trouvé sa place de l’avis de tous. Dorénavant, sainte Anne veille sur le monastère de Collombey. (cath.ch/bh)
Bernard Hallet
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