Lettre ouverte de personnalités britanniques pour la messe en latin

Plus de 40 personnalités du Royaume-Uni et du Commonwealth ont publié, le 3 juillet 2024, une lettre ouverte demandant au pape François de ne pas restreindre davantage la messe pré-conciliaire. Les signataires mettent en avant l’importance «culturelle» de la forme dite extraordinaire du rite romain.

«Nous implorons le Saint-Siège de reconsidérer toute nouvelle restriction de l’accès à ce magnifique patrimoine spirituel et culturel [la messe pré-conciliaire, ndlr]», affirme le texte visible dans le quotidien Times of London. Il est signé de plus de 40 personnalités du monde de l’art, de la culture ou encore des affaires, dont certaines sont bien connues du public, rapporte le média américain The Pillar. Parmi elles, la chanteuse lyrique néo-zélandaise Kiri Te Kanawa, l’historien Tom Holland ou encore le Prince Michael de Kent, membre de la famille royale. La lettre a également été paraphée par des membres de la Chambre des Lords britannique (chambre haute).

Un «trésor» encourageant à la «contemplation»?

La démarche est motivée par le motu proprio Traditionis custodes (2021) – qui a déjà imposé de larges restrictions à la pratique de la messe traditionnelle d’avant le Concile Vatican II (1962-1965) – et les rumeurs d’une seconde charge imminente, qui réduirait pratiquement à néant la possibilité de célébrer dans ce rite.

Les signataires plaident pour que la liturgie traditionnelle soit préservée en raison de son importance culturelle et historique, la qualifiant de «cathédrale» de textes et de gestes, «se développant comme ces vénérables édifices l’ont fait au cours de nombreux siècles». Les partisans de l’ancien rite relèvent la capacité de ce dernier «à encourager le silence et la contemplation», ce qui constituerait «un trésor qu’il n’est pas facile de reproduire et qui, une fois disparu, est impossible à reconstruire». L’action se considère comme «entièrement œcuménique et apolitique» notant que ses signataires comprennent «des catholiques et des non-catholiques, des croyants et des non-croyants».

L’effet Agatha Christie

La lettre ouverte fait implicitement référence à une première datant de 1971. Déjà à cette époque, les signataires s’étaient alarmés d’informations faisant état d’un «plan visant à effacer» la messe pré-conciliaire. Des noms très connus du monde culturel britannique étaient apposés en bas du texte, notamment ceux de la romancière Agatha Christie (1890-1976) de l’écrivain Graham Greene (1904-1991), ou du violoniste Yehudi Menuhin (1916-1999).

La lettre de 2024 reprend ainsi un argument de 1971 estimant que la messe traditionnelle appartient à la «culture universelle», parce qu’elle a «inspiré une foule de réalisations inestimables dans le domaine des arts – non seulement des œuvres mystiques, mais aussi des œuvres de poètes, de philosophes, de musiciens, d’architectes, de peintres et de sculpteurs dans tous les pays et à toutes les époques». Cet appel avait un effet certain sur le pape Paul VI, qui avait alors lâché du lest en permettant aux évêques d’Angleterre et du Pays de Galles d’approuver des messes en rite extraordinaire lors d’occasions spéciales. (cath.ch/pillar/arch/rz)

Raphaël Zbinden

Portail catholique suisse

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