Dans le même temps, l’évêque se dit être personnellement convaincu de la nécessité pastorale de déposer les œuvres de ce prêtre slovène, aujourd’hui accusé d’avoir abusé spirituellement et sexuellement de 41 femmes – d’après les plaintes recueillies – dans les années 1980 à 2000.
L’annonce de Mgr Micas s’appuie sur les travaux d’une commission spéciale mise sur pied par le sanctuaire en 2023 pour statuer de l’avenir des créations de ce célèbre mosaïste. Cet ancien membre de la Compagnie de Jésus, dont il a été expulsé le 9 juin 2023, a réalisé des œuvres monumentales pour des édifices religieux partout dans le monde. Actuellement, il n’est plus jésuite mais il est toujours prêtre, désormais incardiné dans le diocèse de Koper, dans sa Slovénie natale.
L’évêque de Tarbes et Lourdes affirme soutenir personnellement la déposition des œuvres du prêtre slovène, mais choisit de ne pas décider pour le moment du sort des mosaïques. Mais, il estime que «la meilleure décision à prendre n’est pas encore mûre». Pour éviter «plus de division et plus de violence», il annonce se limiter au retrait de l’éclairage qui mettait jusqu’alors ces œuvres en valeur.
Cette décision survient quelques jours seulement après une visite de Mgr Micas à Rome, où il a été reçu en audience par le pape François le 20 juin 2024. Interrogé par I.MEDIA à la sortie de cette audience, l’évêque avait refusé de s’exprimer sur le cas du Père Rupnik, mais il avait souligné l’importance pour Lourdes d’incarner une alternative à la forte «polarisation» qui touche la société actuelle.
En 2020, le dicastère pour la Doctrine de la foi a excommunié le père Rupnik pour avoir confessé une femme avec laquelle il avait eu une relation sexuelle, mais la sanction avait été levée après que l’artiste se soit repenti. Cependant, le 27 octobre 2022, le pape François, qui ne s’est jamais exprimé clairement sur cette affaire, a finalement levé la prescription qui protégeait le prêtre slovène et a demandé aux juges du ‘Saint-Office’ d’examiner à nouveau son cas.
Cette nouvelle enquête n’a pas encore abouti, mais plusieurs sanctuaires et églises ont commencé à poser la question du maintien des œuvres du père Rupnik, considérant qu’elles risquaient de provoquer une souffrance pour les éventuelles victimes souhaitant visiter les lieux. En mars, les responsables du sanctuaire Jean Paul II de Washington ont annoncé retirer les mosaïques du prêtre slovène. À rebours, le sanctuaire d’Aparecida au Brésil a inauguré en mai dernier un nouveau pan d’une immense fresque réalisée par le mosaïste sur la façade de la basilique.
Au Vatican, les œuvres du Père Rupnik sont encore utilisées par les médias du Vatican. La théologienne slovène Natasa Govekar, responsable de la direction théologico-pastorale, est une proche du mosaïste sur lequel elle a écrit plusieurs ouvrages. Cette position est assumée par le préfet du dicastère pour la Communication, Paolo Ruffini, qui a publiquement exprimé son désaccord avec toute destruction des œuvres d’art en général, suscitant une vive controverse lors d’une récente conférence de presse aux États-Unis.
En réponse à cette déclaration, le cardinal Sean O’Malley, président de la commission pontificale pour la Protection des mineurs, a cependant mis en garde contre l’utilisation des œuvres du Père Rupnik par le Vatican, enjoignant à une «prudence pastorale». Enlever des mosaïques est «un peu difficile», a pour sa part affirmé le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin en évoquant le cas de Lourdes, en réponse à une question sur l’affaire Rupnik posée par plusieurs médias dont I.MEDIA, en marge d’un événement ce 2 juillet 2024. (cath.ch/imedia/cd/bh)
I.MEDIA
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