Vive l’identité! Laquelle?

Qui es-tu? La recherche d’identité est souvent une quête passionnée, parfois frénétique, dans de nombreux domaines de la vie humaine. Au niveau de la sexualité, il est devenu presque banal de chercher – pour la découvrir, voire la décider – sa véritable identité parmi les possibles désormais élargis à toutes sortes de genres.

Dans la culture, il est important de savoir reconnaitre, en les illustrant, les richesses de son trésor, tantôt hérité de la tradition, tantôt augmenté de nouvelles créations. Les religions, à leur tour, ont insisté sur leur apport essentiel dans l’édification des identités personnelles et collectives. Et les politiques s’en mêlent, surtout actuellement en France. On craint, semble-t-il, d’y perdre son identité par l’arrivée «invasive» de cultures et religions alternatives, qui pourraient menacer, voire miner l’identité ancestrale du peuple gaulois. Des sentiments et ressentiments qui circulent aussi chez nous, sotto voce!

Savoir qui je suis, d’où je viens, pour mieux envisager mon avenir: quoi de plus naturel, et même recommandé? Encore faut-il examiner avec une sagesse critique l’énigme rassurante de cette secrète identité. Et qu’est-ce qu’on en fait?

Je peux en faire une identité exclusive, à savoir celle qui exclut les autres à cause de leur différence. Il est si facile de les considérer comme des périls, de les craindre comme des ennemis. Et l’histoire nous apprend les conséquences possibles de tels rejets: les discriminations, le racisme, les guerres, y compris celles qui se drapaient de religion. Et jusqu’à la «solution finale» qui niait aux juifs le droit élémentaire d’exister comme êtres humains.

«Vous n’avez qu’un seul Père, qui est aux cieux, et vous êtes tous frères» Mt 23,8-9

Plus courantes circulent les identités de simple tolérance. Pour permettre la convivance sociale, les autres sont donc seulement tolérés, avec patience, mais sans amitié. On cohabite, mais on se fréquente le moins possible. Est-ce que ce ne fut pas le cas en Suisse, pendant des siècles, par exemple entre catholiques et protestants? C’est mieux que les guerres confessionnelles, mais peut-on être fier de cette résignation minimale?

Or voici que, sur les décombres de nos tragiques Histoires, quelqu’un est venu nous révéler notre mystérieuse identité, tellement plus riche et désormais universelle. «Vous n’avez qu’un seul Père, qui est aux cieux, et vous êtes tous frères». Mt 23,8-9.

Ne cherchons pas d’abord notre identité profonde dans nos origines biologiques, nationales ou culturelles. Notre authentique identité, notre ADN essentiel, s’enracinent dans l’immense cœur de Dieu-Amour, dont nous sommes tous, par grâce, à la fois les créatures originales et les enfants bien-aimés.

Alors s’ouvrent de merveilleux chemins de vie, pour chaque personne individuelle et pour notre existence en commune humanité. Accepter l’autre tel qu’il est, l’accueillir comme un don, apprendre de celui qui est mon semblable et peut devenir mon ami, aller jusqu’à pardonner à ses ennemis et leur faire du bien: Jésus nous dit que c’est possible, avec la grâce de son Esprit. Difficile, certes, mais on peut toujours essayer et recommencer.

Si j’osais donner quelques conseils à mes frères et sœurs de France par les temps qui courent, je leur dirais: méditez à nouveau, pour mieux la mettre en pratique, votre si belle devise aux couleurs de l’Evangile: Liberté, Egalité, Fraternité.

Mais ça vaut aussi pour mes compatriotes suisses, évidemment!

Claude Ducarroz

26 juin 2024

Portail catholique suisse

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