«Bien joué, Saint-Père», titrait le 21 juin 2024 le journal Il Foglio. Une louange inattendue de la part du média fondé en 1996 par Giuliano Ferrara, un ancien ministre de Silvio Berlusconi. La publication est considérée comme conservatrice, avec une tendance à dénigrer le pape François eu égard, notamment, à ses réformes doctrinales et ses positions sur l’économie.
La note positive d’Il Foglio est en rapport à l’action menée par le Vatican à l’encontre de Mgr Carlo Maria Vigano, un ancien diplomate italien et adversaire déclaré du pontife argentin. Face aux fréquentes déclarations de l’archevêque, au cours de ces dernières années, reniant l’autorité autant du pape que de l’Église, le dicastère pour la Doctrine de la foi l’a convoqué à Rome sous des accusations de «schisme». Une convocation refusée le 22 juin 2024 par Mgr Vigano, qui a réitéré à cette occasion sa non-reconnaissance des instances ecclésiales.
«La miséricorde et la patience humaine, c’est bien, mais au bout du compte, il y a une limite», souligne l’éditorial, d’Il Foglio, qui se montre particulièrement sévère à l’encontre de l’ancien nonce. «L’Église est une chose trop grave pour permettre la diffusion, presque la métastase, d’ordures en elle», note le journal, relayé par le site américain Crux.
Luigi Bisignani, un lobbyiste influent également proche de l’ancien Premier ministre Silvio Berlusconi (décédé en 2023), a publié un essai dans lequel il salue la décision d’agir contre Carlo Vigano. Il estime qu’elle est survenue après que le pape François eut toléré «toutes les attaques et manœuvres possibles» de la part de l’ancien envoyé du pape aux États-Unis.
«Il était nécessaire que le Vatican agisse maintenant à la lumière des rumeurs selon lesquelles quelqu’un lié à Viganò aurait pu planifier un ‘geste théâtral’ non précisé lors d’un consistoire pour la canonisation des saints convoqué par le pape François à Rome le 1er juillet», croit savoir le lobbyiste.
Pour Crux, ce soutien inattendu à l’action du Vatican peut indiquer une volonté des conservateurs catholiques traditionnels de se dissocier d’une personnalité aux positions de plus en plus extrêmes. «Il est devenu le champion de la grande foule ‘No Vax’ et ‘No Pass’, et il a pris la défense de Poutine en disant que ‘George Soros et la cabale mondialiste voulaient cette guerre'», a déploré ainsi Il Foglio. (cath.ch/crux/arch/rz)
Raphaël Zbinden
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