Un «détail» liturgique pourrait provoquer le départ d’une partie des prêtres de l’Eglise syro-malabare. Comptant environ 4,25 millions de fidèles dans le monde, elle est la deuxième plus grande des Églises orientales en communion avec Rome. Depuis que son synode a voté, en 1999, un nouveau mode unifié de célébration de la messe, cette communauté est profondément divisée.
Constatant que le décret n’était pas appliqué dans de nombreux endroits, le synode a réitéré de façon plus ferme cette obligation, en 2021, provoquant une levée de boucliers. Les plus grandes tensions se manifestent dans l’archidiocèse d’Ernakulam-Algamany, dans le Kerala (sud de l’Inde), qui est aussi le plus grand diocèse syro-malabar. Environ 400 prêtres y constituent le noyau des opposants.
Le synode a en effet exigé que la messe soit célébrée face au peuple pendant la liturgie de la parole, et face à l’autel pendant la liturgie de l’eucharistie. Une partie du clergé et des fidèles revendique cependant de rester face au peuple tout au long de la célébration. Ils font valoir que cela est plus conforme à la tradition locale et aux enseignements liturgiques du Concile Vatican II. Dans ce contexte de contestations violentes, Rome a envoyé sur place plusieurs administrateurs et délégués apostoliques pour tenter une médiation, mais sans succès.
Le pape François lui-même est à plusieurs reprises intervenu dans la dispute en appelant notamment à éviter le schisme et en insistant sur l’importance de «l’esprit de communion». Une exhortation répétée lors de la visite à Rome d’une délégation syro-malabare, le 13 mai 2024.
Mi-juin 2024, l’archevêque majeur Raphaël Thattil, chef de l’Église syro-malabare et partisan du décret, a publié une lettre circulaire stipulant que la liturgie de la messe prescrite par le synode devait être utilisée avant le 3 juillet, précisant que tout prêtre utilisant la version interdite serait excommunié, rapporte le site américain Crux. 321 églises de l’archidiocèse d’Ernakulam-Angamaly ont toutefois refusé de lire la lettre, ce qui a donné lieu à des protestations et à des débordements. Le document a notamment été publiquement brûlé, jeté dans l’eau ou à la poubelle. Les opposants ont réitéré leur intention de ne pas céder à l’ultimatum et de s’en tenir à l’ancienne version de la messe, même après la date limite.
Les «rebelles» déplorent l’autoritarisme de la direction de l’Église syro-malabare, affirmant qu’elle n’a jamais pris en compte leur position et n’a jamais cherché de solution. Ils accusent également les responsables de l’Église d’avoir mal informé et conseillé le pape François. (cath.ch/crux/arch/rz)
Raphaël Zbinden
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