La France catholique se replie face au wokisme et à l'islam

Les catholiques de France sont «pris en tenaille entre le wokisme et un islam identitaire», déclare dans La Croix Jérôme Fourquet, directeur du département opinion et stratégies de l’institut de sondage IFOP. Ce qui expliquerait leur vote en faveur du Rassemblement national (RN) lors des élections européennes.

Depuis les années 2010, un nouveau concept politico-culturel est régulièrement mis en avant en France dans les discours intellectuels: «l’insécurité culturelle». Pour Jérôme Fourquet, auteur notamment de L’archipel français (Seuil, 2019), ce terme traduit un sentiment très diffus «qui peut étreindre certains individus quand leur environnement de proximité et leur pays se transforment», sous l’influence notamment des communautés musulmanes et plus largement de l’immigration. Ils ont alors l’impression de ne plus être chez eux.

Ces signes de changement passent, par exemple, par l’ouverture de boucheries halal ou de kebabs, une évolution de la composition démographique de leur territoire, «des règles non écrites dans l’espace public, comme le fait qu’une femme puisse moins facilement qu’avant ou qu’ailleurs s’habiller comme elle le veut», des mariages de tradition maghrébine accompagnés de feux d’artifice illégaux, le port du voile, de plus en plus adopté par les jeunes femmes musulmanes (24% en 2003 et 35% en 2016)…

Une insécurité anthropologique

Chez les catholiques pratiquants, décortique l’analyste politique, «une insécurité anthropologique», touchant aux valeurs et modèles éthiques, se surajoute à l’insécurité culturelle. Elle serait alimentée par «les évolutions de la législation en matière sociétale comme l’ouverture de la procréation médicalement assistée aux couples lesbiens et aux femmes seules, la légalisation du mariage homosexuel, l’aide à mourir», etc. Les catholiques se sentent «pris en tenaille entre le progressisme woke, d’un côté, et le changement démographique et l’affirmation d’un islam identitaire dans l’espace public», de l’autre.

En 2017, rappelle-t-il, François Fillon avait réussi à séduire les catholiques insécurisés grâce à son concept du «droit à la continuité historique», à savoir du «droit pour un peuple d’aspirer collectivement à perpétuer sa culture ainsi que des valeurs qui le constituent en tant que nation». Une partie de cet électorat se tourne aujourd’hui vers le RN.

Le grand remplacement

Plus largement, les études de l’IFOP indiquent que 53% des Français souscrivent à la théorie du grand remplacement, à savoir la disparition d’une population blanche et chrétienne au profit d’une population africaine et musulmane. (cath.ch/lacroix/lb)

Lucienne Bittar

Portail catholique suisse

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