Le cardinal Sako «redevient» chef de l’Église catholique chaldéenne

Le Premier ministre irakien Muhammad Shiaa al-Sudani a rétabli le cardinal Louis Raphaël Sako dans ses fonctions de patriarche de l’Église catholique chaldéenne, a annoncé celle-ci le 11 juin 2024. Il le reconnaît comme ultime responsable des biens et des dotations de son Église. Le cardinal Sako, qui s’était réfugié à Erbil, pourra vraisemblablement retourner à Bagdad, siège du patriarcat.

L’affaire remonte à l’été passé. Le président irakien Abdul Latif Rashid a révoqué en juillet 2023 le décret 147 reconnaissant officiellement le cardinal Sako comme chef de l’Église chaldéenne et comme «responsable des dotations de l’Église». Le patriarche chaldéen avait alors saisi la Cour suprême du pays, qui avait rejeté sa demande le 14 novembre 2023.

Divisions des chrétiens

Selon les observateurs, cette décision présidentielle a été prise sous l’influence de Rayan al-Kildani («Rayan le chaldéen»), chef du mouvement politique dit de Babylone et de la milice chrétienne affiliée. Sa branche armée fait partie du Hashed al-Shaabi, un réseau de paramilitaires pro-iraniens, intégrés dans les forces de sécurité irakiennes. Rayan al-Kildani a par ailleurs rencontré le pape François au Vatican le 6 septembre 2023, ce qui a déplu au cardinal Sako.

Ce dernier était entré quelques mois auparavant en confrontation avec Rayan al-Kildani, lui reprochant de vouloir s’attribuer le rôle de représentant des chrétiens en Irak. Et surtout de profiter de son influence pour saisir illégalement des propriétés appartenant à des chrétiens dans la Plaine de Ninive.

Suite au décret présidentiel et au refus de la Cour suprême de l’abroger, le patriarche chaldéen avait quitté Bagdad, pour s’installer dans la région autonome du Kurdistan, au nord de l’Irak. Il pourra à présent retourner dans la capitale du pays.

Retour prévu à Bagdad

Principal dirigeant chrétien d’Irak et artisan de la visite historique du pape François dans le pays en 2021, le cardinal Sako est un interlocuteur clé entre le gouvernement irakien et la minorité chrétienne. Depuis le début de la crise, il n’est retourné qu’une seule fois à Bagdad, en avril 2024, pour une réunion avec le Premier ministre al-Sudani.

«Je suis très heureux parce que l’État de droit a prévalu, ce qui donne plus d’espoir aux chrétiens quant au respect de leurs droits», a déclaré le cardinal Sako. (cath.ch/ag/lb)

Lucienne Bittar

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