Genève inaugure sa 'Maison diocésaine'

Mgr Charles Morerod a consacré, le 31 mai 2024, le nouvel autel de l’église du Sacré-Coeur à Genève. Le bâtiment sur la place de Plainpalais, fermé après l’incendie de juillet 2018, a rouvert ses portes au public le 1er juin offrant un nouvel espace aux catholiques genevois.

Geneviève de Simone-Cornet pour cath.ch

Exit la rue des Granges, en vieille ville de Genève! L’Eglise catholique romaine de Genève (ECR) emménage dans la nouvelle Maison diocésaine, dans le bâtiment du Sacré-Cœur, sur la place de Plainpalais. Ravagé par un incendie le 19 juillet 2018, l’édifice a été profondément transformé et il assume une nouvelle vocation, relève l’ECR: «Être un lieu de célébration et de foi ouvert au monde, un lieu de travail, un espace de cohabitation et de rencontre, avec un restaurant, une salle des fêtes et des espaces de réunion ouverts au public».

Un rituel de consécration très symbolique

Le Sacré-Coeur est d’abord le lieu de célébration de la paroisse francophone et de la communauté hispanophone de Genève. L’espace du culte, au centre du bâtiment, a été consacré par l’évêque du diocèse Mgr Charles Morerod. Il est le «signe de la présence de Dieu parmi nous» a -t-il rappelé.

La consécration d’une église est jalonnée de rituels particuliers. Le chant de la litanie des saints, conduit par l’abbé Pascal Desthieux, recteur de la basilique Notre-Dame, ancre le lieu dans la longue histoire des chrétiens depuis la Pentecôte. La bénédiction de l’eau et l’aspersion de l’église et des fidèles, rappelle le baptême. La déposition de reliques dans l’autel exprime le lien avec les saints qui ont transmis la foi des apôtres. Quatre sont à l’honneur: François de Sales, évêque de Genève (1567-1622) Jeanne de Chantal, fondatrice de la Visitation (1572-1641), Jean-Baptiste Scalabrini, fondateur des missionnaires de Saint-Charles (1839-1905) et enfin Marguerite Bays (1815-1879), la couturière fribourgeoise canonisée en 2019.

Une octave inaugurale
L’inauguration du nouveau Sacré-Cœur s’étend sur plusieurs jours, du 1er au 8 juin, pour permettre au plus grand nombre de vivre l’événement. Cette octave inaugurale ouverte à tous propose un programme varié: conférences, film, pièce de théâtre, visites commentées des œuvres d’art, célébrations et accueil pastoral dans l’église.

L’évêque prononce ensuite la prière de dédicace et procède à l’onction de l’autel avec le saint chrême avant de l’encenser. C’est sur cet autel que la messe sera célébrée. Et «le but de l’eucharistie est que le Christ soit présent en nous, que nous soyons son corps», a insisté Mgr Morerod. L’évêque a aussi relevé la disposition des bancs face à face qui «nous fait prendre conscience de notre vocation humaine et chrétienne, que nous sommes une communauté. Pas seulement pour nous: pour les autres aussi, avec qui Dieu attend que nous dialoguions».

Des flûtistes de la communauté francophone et des guitaristes de la communauté hispanophone dirigés par Anne-Claire Rivollet, responsable de la pastorale des familles, ont aidé l’assemblée à chanter en français, en espagnol et en latin.

Un lieu qui attire et rayonne

Le projet du Sacré-Coeur a été porté à bout de bras par Philippe Fleury, président du Conseil de paroisse, entouré d’une solide équipe de professionnels et de bénévoles. Le chantier au duré six ans. Des années jalonnées d’un «travail – titanesque, quasi insurmontable – pour des bénévoles». «Une histoire d’hommes et de femmes animés par une détermination farouche. Qui ont mis leurs talents et leur enthousiasme au service de valeurs communes. Un projet sublime et émouvant. Une résurrection pour le bâtiment».

Le projet consistait à donner à l’édifice un rayonnement qui corresponde à l’importance de son emplacement géographique: central, accessible, au cœur de la cité. Le Sacré-Cœur devait devenir une église qui attire qui rayonne au-delà de ses murs.

«Voir les visages permet de communier avec l’autre, de l’aimer, de faire corps avec lui»

Maxence Guilbert

Accueillir la lumière

Christian Rivola et Sara Anzi, architectes, ont développé une approche à la fois innovante et respectueuse d’un édifice construit en 1859 et classé. Ils ont travaillé en complément à la vision de l’architecte Jean-Marie Duthilleul pour l’église: un axe sacramentel central avec l’orgue, le baptistère, l’ambon, l’autel, le tabernacle, une imposante croix suspendue au plafond et un olivier; des bancs disposés de part et d’autre de cet axe permettant aux fidèles de se faire face. Pour Maxence Guilbert, qui a imaginé les aménagements liturgiques avec Jean-Marie Duthilleul, «voir les visages permet de communier avec l’autre, de l’aimer, de faire corps avec lui»; cette disposition «signifie et réalise la communauté rassemblée».

Pour les architectes, il s’agissait de donner du volume et de la lumière afin d’activer la relation ciel-terre: un puits de lumière traverse ainsi les quatre niveaux du bâtiment, du faîte à la crypte. Il illumine le lieu de célébration, ses nouveaux vitraux, du Français Jean-Paul Agosti.  L’architecture offre en outre un cadre à des activités complémentaires avec les bureaux, les salles de conférence et la salle des fêtes au divers étages. Une «symphonie architecturale» qui permet une bien meilleure utilisation de l’espace.

Une vulnérabilité positive

Dominique Pittet, secrétaire général de l’ECR, a relevé combien ce bâtiment se prêtait à l’accueil d’une Maison d’Eglise – projet né de la réflexion de Mgr Pierre Farine, évêque auxiliaire émérite à Genève pour une meilleure synergie entre les administratifs et les agents pastoraux.

Pour Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, «ce lieu central nous amène à méditer sur le fait qu’un événement malheureux suscite parfois du positif».

Christina Kitsos, conseillère administrative de la Ville de Genève, a salué la remarquable ouverture du Sacré-Cœur à la cité: «C’est très rare. Ce lieu nous réconcilie avec l’humain. Il nous ramène à notre vulnérabilité, là où on a le levier pour être solidaires».

«A nous d’inventer les notes d’une musique harmonieuse»

Fabienne Gigon

Rassembler sans centraliser

Fabienne Gigon, représentante de l’évêque pour la région diocésaine de Genève, a dit sa «joie de vous accueillir dans ce lieu qui célèbre sa renaissance. (…) Nous sommes en face d’une page blanche pour l’Eglise catholique à Genève, en un lieu qui réunit plusieurs communautés dans un même esprit de service. Et devant une partition: à nous d’inventer les notes d’une musique harmonieuse». Elle voit dans ce déménagement «un déplacement, à l’image d’une Eglise en marche».

L’ECR c’est 52 paroisses, plus de 110 collaborateurs – prêtres, laïcs, religieux et administratifs – et de nombreux bénévoles. En réunissant nombre de collaborateurs dans le même bâtiment, elle désire «accroître les occasions de rencontre et d’échange ainsi que les dynamiques communes». (cath.ch/gdsc/mp)

Les travaux se poursuivent
Les travaux de reconstruction du Sacré-Cœur ont commencé en 2022. Mais tout n’est pas terminé, a expliqué Philippe Fleury. La crypte sera achevée en automne pour devenir un lieu de culture. A la fin de l’année, tous les vitraux seront posés – quatorze en tout, de l’atelier Simon-Marq, maître verrier à Reims –  et leur rétroéclairage réalisé; l’installation de l’orgue sera terminée fin 2025.
Les bureaux et le restaurant seront progressivement aménagés. Le tout pour un coût total de 25,5 millions de francs financés par les assurances (8 millions), les donations (9 millions), un emprunt bancaire (7 millions) et des subventions des pouvoirs publics (1,5 million).
Un livre racontant l’histoire du bâtiment, l’incendie, le projet de reconstruction et les travaux sortira en automne: il comprendra «des textes des artistes qui ont donné une âme au bâtiment et quelques anecdotes piquantes». GdSC

Rédaction

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