En cette fête du Très Saint Sacrement nous sommes invités à entrer dans le mystère de la Présence réelle au sein de l’Eucharistie, institué pour le salut de tous. Pour cela, je vous invite à accueillir la Parole telle qu’elle nous est donnée en Marc 14, en intégrant les versets 17 à 21 [ci-dessous] correspondants à l’annonce de la trahison de Juda car «je ne suis pas venu appeler les justes mais les pécheurs» (Lc 5, 32).
Approchons nous de l’Écriture qui nous est proposée. Tout d’abord dans l’Exode, Moïse transmet les paroles du Seigneur. Le peuple répond: «Toutes ces paroles que le Seigneur a dites, nous les mettrons en pratique». Le message est clair: Entendre la Parole de Dieu, c’est la mettre en pratique au quotidien. Dès l’origine, la Parole est donnée concluant la 1ère Alliance. Dieu fait avec l’homme et la femme une alliance d’amour concernant la vie, celle qui les unit à Dieu.
Que s’est-il passé avec Juda: Qu’a-t-il vraiment compris de la Parole de Jésus? – La mettait-il en pratique? Quelle confiance Juda avait-il en lui-même pour ne pas avoir davantage ouvert son cœur et son intelligence à la Parole? N’avons-nous pas nous aussi à approfondir ce lien avec Elle? N’oublions pas que Juda a «plongé la main dans le plat» comme Jésus et les autres disciples.
«Avec la Lettre aux Hébreux, Dieu prolonge cette Alliance en nous donnant son Fils»
Ensuite avec la Lettre aux Hébreux, Dieu prolonge cette Alliance et veut la récapituler en nous donnant le signe le plus magistral de son amour: son Fils. L’auteur dira «le Christ est venu, grand prêtre des biens à venir». Il est Celui qui devient, par son seul et unique Don, « le sang de l’Alliance nouvelle et éternelle »( paroles de la consécration). Là s’accomplit définitivement la Promesse.
Enfin avec l’Évangile, nous entrons au cœur de la Nouvelle Alliance avec le Don intérieur. Jésus s’inscrit à la fois dans le rite de la Pâque juive et au même moment, il ouvre lui même la Nouvelle Alliance par l’annonce de son propre Don de sa vie. Une fois pour toutes, tout est accompli.
«Juda a partagé le repas et Jésus ne l’a pas exclu…»
Alors ce repas paraît bien loin de tous nos cortèges et processions de la Fête-Dieu aussi beaux et nostalgiques soient-ils. Certes, ce repas est marqué par un acte insensé de trahison, celui d’un homme, Juda. Mais n’est-ce pas là aussi la pleine reconnaissance de notre humanité sur son chemin de conversion? Nous ne pouvons pas nous incliner devant la Présence réelle sans manifester dans ce pain rompu notre pleine humanité blessée et vulnérable. Voilà pourquoi, Juda participe symboliquement aussi à la quête de la Parole. En le laissant faire Jésus prenait sur lui en toute connaissance de cause, la liberté et la fragilité des hommes. Juda a partagé le repas et Jésus ne l’a pas exclu…
Alors, ce que nous célébrons aujourd’hui dans l’adoration et en nous agenouillant devant le Très Saint Sacrement, c’est l’Alliance renouvelée de Dieu et de l’homme malgré toutes ses fragilités et ses trahisons. C’est le pardon ultime. C’est l’expression de notre chemin de foi rassemblé dans ce corps crucifié et glorieux du Fils qui se donne dans chaque eucharistie. Elle nous rappelle à chaque communion que nous sommes appelés à être, nous aussi, des êtres donnés.
«Célébrer le Saint Sacrement, c’est dépasser les limites de nos lieux de vie et de nos rituels»
Célébrer le Saint Sacrement, c’est dépasser les limites de nos lieux de vie et de nos rituels. C’est contempler Celui qui s’est fait le Serviteur des plus petits pour que nous y découvrions Son visage et les prémices de la Vie éternelle. Entrons ensemble dans cette contemplation sans cesse renouvelée…
Frère Michel Fontaine OP | Vendredi 31 mai 2024
Mc 14, 12-26
Le premier jour de la fête des pains sans levain,
où l’on immolait l’agneau pascal,
les disciples de Jésus lui disent :
« Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs
pour que tu manges la Pâque ? »
Il envoie deux de ses disciples en leur disant :
« Allez à la ville ;
un homme portant une cruche d’eau
viendra à votre rencontre.
Suivez-le,
et là où il entrera, dites au propriétaire :
«Le Maître te fait dire :
Où est la salle
où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ?»
Il vous indiquera, à l’étage,
une grande pièce aménagée et prête pour un repas.
Faites-y pour nous les préparatifs. »
Les disciples partirent, allèrent à la ville ;
ils trouvèrent tout comme Jésus leur avait dit,
et ils préparèrent la Pâque.
17 Le soir venu, Jésus arrive avec les Douze.
18 Pendant qu’ils étaient à table et mangeaient, Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : l’un de vous, qui mange avec moi, va me livrer. »
19 Ils devinrent tout tristes et, l’un après l’autre, ils lui demandaient : « Serait-ce moi ? »
20 Il leur dit : « C’est l’un des Douze, celui qui est en train de se servir avec moi dans le plat.
21 Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là ! »
Pendant le repas,
Jésus, ayant pris du pain
et prononcé la bénédiction,
le rompit, le leur donna,
et dit :
« Prenez, ceci est mon corps. »
Puis, ayant pris une coupe
et ayant rendu grâce,
il la leur donna,
et ils en burent tous.
Et il leur dit :
« Ceci est mon sang,
le sang de l’Alliance,
versé pour la multitude.
Amen, je vous le dis :
je ne boirai plus du fruit de la vigne,
jusqu’au jour où je le boirai, nouveau,
dans le royaume de Dieu. »
Après avoir chanté les psaumes,
ils partirent pour le mont des Oliviers.
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