Tout est concerné, tout est ramassé, tout est révélé, tout est sauvé, tout est ouvert! La finale de l’évangile de Matthieu que nous lisons en ce dimanche de la Trinité n’est que totalité. Le Christ ressuscité apparaît à ses disciples sur une montagne de Galilée et leur propose non pas un programme à réaliser une fois qu’il les aura quittés pour rejoindre le Père, mais un évènement à partager, à communiquer. Et cet évènement, c’est la révélation plénière du mystère de Dieu Père, Fils et Esprit-Saint faite à tous les hommes en Jésus ressuscité.
Vision immense et englobante. Le projet de Dieu est réalisé en Jésus: voilà pour le «tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre». Le noyau des onze disciples est appelé à s’augmenter au point d’englober toutes les nations: voilà pour le tout de l’espace. L’évènement communiqué? La plongée dans le nom du Père, du Fils et de l’Esprit-Saint: voilà pour le tout de la Révélation qui est tout Dieu en tout homme. Il en résulte une vie nouvelle qui est une vie bonne selon Dieu: voilà pour le tout des commandements à observer. Cette vie nouvelle est présence à tout instant et pour toujours du Christ à ses disciples, le «Dieu avec nous» annoncé dès le début de l’évangile: voilà pour le tout du temps.
«‘Dieu avec nous’: voilà pour le tout du temps»
Et ce n’est pas tout! Par la construction littéraire de cette finale, Matthieu semble reprendre sciemment à la fois la finale de la Torah quand Moïse contemple du haut du Mont Nébo la terre promise enfin à portée de mains (Dt 34, 1-4), et celle des livres prophétiques (selon l’ordre des livres dans la Bible hébraïque) quand Cyrus affirme que Dieu lui a remis tous les royaumes de la terre (2 Chr 36, 23). L’évangéliste avait-il le propos de ramasser par ce récit toute l’Écriture afin de la clore? Possible.
Car il a compris et veut nous faire saisir que l’évènement de Pâques c’est tout Dieu pour tout homme en tout lieu et en tout temps. Qu’ajouter de plus? Une chose peut-être, qu’il ne néglige pas d’ailleurs: la façon d’entrer dans cette totalité du don de Dieu. En recevant le baptême bien sûr, mais aussi et déjà en répondant présent au rendez-vous de Jésus sur la montagne comme le font les disciples, malgré les doutes. Non plus le Mont Nébo à la frontière de la terre promise, mais une montagne de Galilée, une montagne au cœur de leur «chez nous», ce lieu familier qui, parce que le Seigneur Jésus les y convie, devient terre promise, éternel lieu de rencontre avec lui. Mais aussi terre de mission, tremplin d’où la promesse va prendre son élan pour être réalisée.
«La mission est au plus près, pour peu que nous prenions un peu de hauteur»
La mission est au plus près, au cœur de notre Galilée pour peu que nous prenions un peu de hauteur, que nous voyions large, que nous vivions selon le tout du projet de Dieu. En grec, «selon le tout», se dit «kat’holos» qui a donné «catholique». Un «bon catholique» serait alors quelqu’un qui voit selon l’immensité du regard de Dieu, lequel ne peut se révéler qu’à l’intime (qui est le plus haut sommet de notre Galilée!), véritable point d’ouverture à l’infini révélé et communiqué.
Sr Anne-Sophie Porret OP | Vendredi 24 mai 2024
Mt 28, 16-20
En ce temps-là,
les onze disciples s’en allèrent en Galilée,
à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre.
Quand ils le virent, ils se prosternèrent,
mais certains eurent des doutes.
Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles :
« Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre.
Allez ! De toutes les nations faites des disciples :
baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit,
apprenez-leur à observer
tout ce que je vous ai commandé.
Et moi, je suis avec vous
tous les jours jusqu’à la fin du monde. »
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