Bernard Litzler, pour cath.ch
Le pape François, visiteur du Luxembourg en septembre prochain, découvrira-t-il la Procession dansante d’Echternach? Nul le sait, mais le cardinal Jean-Claude Hollerich, archevêque du Luxembourg, ne manquera sans doute pas d’évoquer avec lui cette fervente manifestation populaire en l’honneur de Willibrord, patron secondaire du pays. Une procession inscrite depuis 2010 sur la Liste représentative du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Car la ‘Sprangprocessioun’ (Procession dansante en langue luxembourgeoise) reste un événement marquant. Chaque année, le mardi de Pentecôte, des milliers de pèlerins, convergent vers Echternach pour rendre hommage au saint bénédictin, un Anglo-saxon fondateur et abbé de l’abbaye d’Echternach. En ce mardi 21 mai 2024, il pleut, mais ils sont là. Rien ne freine l’élan des Luxembourgeois, parmi lesquels 7500 danseurs et musiciens. Ainsi que des pèlerins venus d’Allemagne, de Belgique, de France, des Pays-Bas et de Suisse.
Les danseurs s’élancent, d’un pas régulier. Il y a les très bons, placés au début et à la fin de l’immense cortège qui traverse la ville. Et il y a les jeunes, les enfants avec leurs mamans, ceux qui tirent maladroitement sur le foulard blanc qui les relie, par rangées de cinq, en suivant la polka jouée par les musiciens.
L’organisation est sans failles. En tête de la longue procession de trois heures, les ecclésiastiques précèdent les reliques de saint Willibrord, en chantant les litanies. La suite du cortège: un groupe de musiciens, fanfares, accordéons, cuivres et tambours, puis une troupe de danseurs. Une grosse caisse lance le rythme. La sautillante musique – une même mélodie interprétée par tous les instrumentistes – retentit. Les danseurs se meuvent, de gauche à droite, d’un pied sur l’autre.
A la fin du morceau, repos pour les groupes concernés. Aussitôt l’orchestre qui suit et qui précède commence, associé à une autre troupe de danseurs. Les spectateurs placés le long des ruelles de la ville commentent, en souriant, admirent, communient à cette ferveur bon enfant.
Car la procession dansante est une tradition populaire profondément ancrée. «Je viens pour la 20e fois et c’est bien la première fois qu’il pleut autant», commentera un trompettiste, un peu déçu, membre d’une des 36 cliques musicales. En effet, la météo peu clémente a obligé au port de l’imperméable. Les parapluies, aussi, ont dansé, sans tarir l’élan populaire.
La messe du matin a été présidée par le cardinal néerlandais Willem Jacobus Eijk, archevêque d’Utrecht, le siège épiscopal créé par saint Willibrord. Il notait, avec lucidité, que la situation du catholicisme est proche, aujourd’hui, de celle qu’a connue son saint prédécesseur: minoritaire. «Mais nous ne devons pas nous laisser décourager! Willibrord a commencé avec onze compagnons et cela a été le début du christianisme dans nos régions. Le recul que nous observons aujourd’hui est dû à la culture de l’individualisme, mais cette tendance passera et nous devons espérer et prier pour que le christianisme reprenne sa place.» (cath.ch/is/bl)
Willibrord, un saint européen
Saint Willibrord est né vers 658 dans le royaume de Northumbrie, au nord de l’Angleterre actuelle, et est décédé le 7 novembre 739 à Echternach, au nord-est du Luxembourg. Moine bénédictin, premier évêque d’Utrecht, il est le saint patron du Grand-Duché de Luxembourg ainsi que des Pays-Bas.
Son père, un Saxon nommé Wilgils, converti au christianisme, envoie son fils recevoir une éducation chrétienne à l’abbaye de Ripon (Angleterre). Devenu moine, il se rend en Irlande pour parfaire son éducation monastique.
Envoyé sur le continent en 690, il part évangéliser la population de la Frise, territoire acquis par les Francs mérovingiens. Il parcourt ainsi un vaste territoire correspondant à la moitié la plus maritime des Pays-Bas actuels. A Rome, il est consacré évêque missionnaire en novembre 695 et fixe son siège épiscopal à Utrecht.
A Echternach sa mémoire est honorée chaque année lors de la «Procession dansante», le mardi de Pentecôte. BL
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