«L’enlèvement a eu lieu le mercredi 15 mai sur la route de contournement d’Eke Nkpor-Obosi vers 8 heures du matin. Le Père Gbuzuo est un prêtre résidant à la paroisse de la Sainte-Trinité, à Ogidi. Jusqu’à présent, les ravisseurs n’ont établi aucun contact», précise le communiqué relayé par l’agence Fides.
La déclaration ajoute que l’archevêque Valerian Okeke, archevêque métropolitain d’Onitsha, appelle les fidèles et les personnes de bonne volonté à prier pour que le prêtre soit libéré sain et sauf dès que possible.
Un porte-parole de la police de l’État a déclaré que des recherches avaient été lancées pour retrouver le prêtre et ses ravisseurs. «Le commandement de la police d’Anambra a lancé la chasse aux ravisseurs afin de retrouver le Père Basil Chukwuemeka sain et sauf», a indiqué le communiqué des forces de l’ordre, ajoutant que certains témoins oculaires de l’enlèvement ont été interrogés afin de recueillir des indications permettant de résoudre rapidement l’affaire.
Il s’agit du quatrième prêtre enlevé au Nigeria depuis le début de l’année. Les Pères clarétains Kenneth Kanwa et Jude Nwachukwu ont été enlevés en février dernier, et le père Tony Mukoro, du diocèse de Benin City, a été enlevé au mois de mars. Tous les trois ont été libérés peu de temps après.
En 2023, 28 prêtres ont été enlevés au Nigeria. On est toujours sans nouvelles de trois d’entre eux: le Père John Bako Shekwolo, porté disparu depuis 2019 et Joseph Igweagu et Christopher Ogide, tous deux enlevés en 2022 et dont personne n’a eu de nouvelles depuis.
Le fléau des enlèvements à des fins d’extorsion est un phénomène répandu dans tout le Nigeria, y compris les enlèvements massifs, en particulier d’étudiants. Au Nigeria, les terroristes et les bandes armées attaquent souvent les écoles et les établissements d’enseignement pour kidnapper des étudiants et parfois même des enseignants.
Selon la presse nigériane, entre juillet 2022 et juin de l’année dernière, 3’620 personnes ont été enlevées au cours de 582 incidents. Selon le représentant de l’UNICEF au Nigéria, Cristian Munduate, plus de 1’680 élèves ont été enlevés lors de diverses attaques contre des écoles au cours de la décennie qui s’est écoulée depuis l’enlèvement de 276 écolières à Chibok dans la nuit du 14 au 15 avril 2014.
Selon Cristian Munduate, au cours de ces dix années, outre les élèves, le personnel des écoles a également subi un lourd tribut de victimes et d’enlèvements par des gangs armés: 60 personnes enlevées et 14 tuées dans plus de 70 attaques contre des écoles.
Le fléau des enlèvements a un fort impact économique sur les familles et sur l’économie du Nigeria. Pour de nombreuses familles nigérianes, l’enlèvement d’un de leurs proches est synonyme d’entrée dans une spirale de négociations en vue d’obtenir une rançon dont le montant dépasse souvent leurs capacités financières. Les ravisseurs enlèvent aussi bien les riches que les pauvres, les prêtres, religieux et religieuses n’échappent pas au phénomène.
De nombreuses familles de personnes enlevées se sont ainsi endettées et ont été contraintes de vendre des biens ou de quitter leur emploi, ce qui a bouleversé leur vie. D’autres coûts cachés, tels que les soins médicaux prodigués aux otages libérés, viennent encore alourdir le fardeau.
Cette intensification des enlèvements est liée à la dégradation de la situation économique du pays, notamment dans le nord et le nord-ouest. La fermeture de la frontière avec le Niger voisin depuis le coup d’Etat militaire du 26 juillet 2023 a passablement affecté l’activité commerciale de la région. Les camions ne circulent plus et les étalages des marchés sont de plus en plus clairsemés. (cath.ch/fides/ag/bh)
Bernard Hallet
Portail catholique suisse
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