Angelic Molen, étudiante en géographie au Zimbabwe, est la première femme à recevoir l’ordination diaconale au sein du Patriarcat grec-orthodoxe d’Alexandrie et de toute l’Afrique, rapporte le journal La Croix. La célébration, qui s’est déroulée à la paroisse de la Mission Saint-Nectaire, près de la capitale Harare, a été justifiée par les besoins pastoraux, alors que les communautés orthodoxes ne cessent de croître en Afrique.
Le Patriarcat grec-orthodoxe d’Alexandrie intensifiait depuis plusieurs années ses efforts pour rouvrir la voie au diaconat féminin. Il avait voté en faveur de sa réhabilitation à l’unanimité lors de son synode à Alexandrie en 2016. L’année suivante, le Patriarcat avait ordonné six sous-diaconnesses en République démocratique du Congo (RDC).
Angelic Molen a toutefois des fonctions plus élargies que ces sous-diaconesses. Elles incluent en particulier une assistance aux prêtres dans la liturgie et les sacrements. Le métropolite Séraphim, archevêque du Zimbabwe (Patriarcat d’Alexandrie), qui a procédé à l’ordination, a spécifié que l’une de ses fonctions serait de distribuer l’Eucharistie. Ce que la nouvelle diaconesse a déjà réalisé.
Cette dimension liturgique est le point le plus controversé. Selon La Croix, le Patriarcat d’Alexandrie a semblé «regretter dans un récent communiqué que Mgr Séraphim ait pris cette décision sans attendre les conclusions d’une session d’étude travaillant encore à délimiter les contours de ces ministères féminins».
Un haut responsable du Patriarcat d’Alexandrie a mis en doute la possibilité, pour d’autres Églises locales d’emprunter à court terme ce chemin, alors que le patriarche Theodore II d’Alexandrie a essuyé la critique de franges plus conservatrices et que tout changement, au sein de l’orthodoxie, requiert généralement «beaucoup de temps». Le spécialiste de l’orthodoxie Jean-François Colosimo affirme que «cette décision unilatérale risque d’ouvrir de nouvelles tensions internes, dont le Patriarcat d’Alexandrie se passerait bien».
Le diaconat féminin alimente des divisions profondes au niveau de l’orthodoxie mondiale. Les conservateurs craignent notamment que cela puisse ouvrir la porte à des changements majeurs, tels que l’accès des femmes au sacerdoce.
Le débat sur le diaconat féminin est également en cours dans l’Eglise catholique. Il se développe notamment dans le contexte du Synode sur la synodalité, dont la phase finale se déroulera à l’automne 2024, au Vatican. Le Conseil des cardinaux (C9) a organisé deux réunions sur le sujet, début 2024. Suite à cela, la religieuse espagnole Linda Pocher, qui a été consultante auprès du C9, a assuré que le pape François était «très favorable» aux femmes-diacres. (cath.ch/cx/arch/rz)
Raphaël Zbinden
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