«Nous le faisons avec prudence par respect pour les diverses sensibilités», précisent l’évêque de Sion, Mgr Jean-Marie Lovey et l’administrateur apostolique de l’abbaye, Mgr Jean-Michel Girard, dans une annonce envoyée aux agents pastoraux du diocèse de Sion et du territoire abbatial de Saint-Maurice et dont cath.ch a eu connaissance.
«Ainsi, précise le message, la nomination du Doyen du Décanat de Monthey sera reportée à la reprise de l’année pastorale.» En clair, le chanoine Gilles Roduit retrouve sa charge de curé du secteur de Saint-Maurice (paroisses de Verossaz, Massongex, Lavey, Saint-Maurice, Evionnaz, Outre-Rhône et Vernayaz), mais n’est plus Doyen du décanat de Monthey. Cette mesure provisoire de mise en retrait, durant laquelle le chanoine n’a pas été suspendu de son ministère de prêtre, est donc levée. Du bout des lèvres puisqu’il n’y aura pas de communiqué officiel envoyé à la presse.
«Je me réjouis de retourner servir la communauté», a confié sobrement le chanoine à cath.ch. Il se réjouit également de célébrer la messe de la Pentecôte, date à laquelle l’annonce sera faite officiellement aux fidèles par Jean-Michel Girard. «Ce sera difficile, j’en ai bien conscience. Ma vie est difficile depuis cinq mois. On m’a collé cette étiquette indélébile et je dois apprendre à vivre avec cette croix», a confié le chanoine à cath.ch. Il dit ne pas regretter d’avoir entamé cette grève de la faim, «sans laquelle il n’y aurait pas eu de décision, ni cette année, ni l’année prochaine».
L’abbé Roduit avait été mis en retrait peu après la diffusion de l’enquête de Mise au point de la RTS, diffusée le 19 novembre 2023, sur des cas d’abus anciens commis à l’abbaye. Le chanoine avait été mis en cause dans une affaire d’agression sexuelle sur mineur.
Le 26 février dernier, l’abbaye indiquait finalement que les mesures provisoires touchant le curé-doyen avaient été levées. Elle rappelait que ces démarches de mise en retrait avaient été décidées par les autorités ecclésiastiques «pour avoir une vue suffisamment large et profonde de chaque situation.»
L’Abbaye rappelait les étapes juridiques concernant ce cas, soit, un arrêt de non-lieu en 2005, une décision de non-reprise de procédure en 2021, une décision de rejet de recours en 2022. L’institution précisait ainsi qu’il ne subsistait plus d’accusation à charge. Le cas du curé-doyen avait été également soumis au Saint-Siège qui, après enquête, avait eu les mêmes conclusions.
«Aujourd’hui, nous avons la certitude objective que la cause défendue est classée et qu’il n’y aura aucun recours. Il n’y a donc plus de raison de maintenir les mesures prises sur la base des soupçons induits par l’émission MAP et de priver ce chanoine de ministère pastoral.» Le chanoine attendait la décision du diocèse de lui redonner sa charge de curé du secteur de Saint-Maurice. Ne voyant rien venir, il a entamé une grève de la faim, ne s’alimentant plus de nourriture solide, mais uniquement d’eau.
Le vicaire général Pierre-Yves Maillard justifie la longue période qui a précédé cette décision par une demande d’investigations complémentaires aux décisions de justice de 2005, 2021 et 2022. «Nous estimions qu’un éventuel retour de Gilles en paroisse ne pouvait pas être fondé sur les décisions de justice antérieures à la diffusion de l’émission Mise au Point. Nous aurions souhaité des investigations complémentaires portant sur d’autre éléments de l’affaire permettant un retour serein de Gilles Roduit. Nous pensions que l’enquête confiée à Pierre Aubert par l’abbaye concernait aussi le chanoine Gilles Roduit. Cela n’a pas été le cas.»
L’Abbaye de Saint-Maurice (VS) a chargé Pierre Aubert, procureur général du canton de Neuchâtel, de constituer un groupe de travail indépendant sur les accusations d’abus sexuels en son sein. (cath.ch/bh)
Bernard Hallet
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