«Enfant déjà, cela m’énervait qu’en tant que fille, je ne puisse pas faire grand chose dans l’église», a déclaré à KNA Andrea Tüllinghoff. Cette enseignante de 63 ans, habitant Osnabrück (Basse-Saxe), a participé à la «Journée des diaconesses», renommée cette année la «Journée des diaconesses +plus», organisée par l’Association des femmes catholiques allemandes (Katholischer deutscher Frauenbund-KDFB).
A l’instar d’Andrea, en Allemagne, une quarantaine de femmes sont «dans les starting-blocks» pour devenir diaconesses, assure l’agence de presse catholique allemande. La rencontre de Spire a réuni treize diplômées venant de terminer leur formation continue de trois ans pour assumer un ministère diaconal. Des femmes aux professions très variées: médecins, professeures de religion, ou encore aumônières d’hôpitaux.
«Il y a beaucoup de choses qui bougent en ce moment», a remarqué Brigitte Schmidt, ancienne assistante pastorale, qui a participé à la formation continue intitulée «Services de direction diaconale pour les femmes», qui n’existe qu’en Allemagne. »Nous avons actuellement un fort vent arrière grâce au chemin synodal», explique l’habitante de Bonn.
Lors de la dernière assemblée synodale allemande, en mars 2023, les évêques ont promis de s’engager pour le diaconat des femmes auprès de Rome. Et le thème a également été remis à l’ordre du jour du Synode mondial sur la synodalité, à l’automne 2023. «Nous espérions que le diaconat des femmes serait définitivement décidé en 2024, mais le pape a de nouveau mis en place un groupe de travail. Le résultat est désormais attendu pour 2025, mais il est au moins toujours à l’ordre du jour», s’est réjoui Brigitte Schmidt.
Si le pape François ne semble pas prêt à accorder l’accès des femmes à la prêtrise, il paraît bien disposé envers le ministère diaconal. La religieuse espagnole Linda Pocher, qui est l’une des consultantes du pontife en la matière, l’a récemment confirmé.
Selon KNA, la sous-secrétaire du Synode, la religieuse française Nathalie Becquart, se montre prudemment optimiste. Elle estime que la décision concernant le diaconat des femmes pourrait être laissée aux Eglises locales. Après tout, le concile Vatican II (1962-1965) a également rétabli le diaconat permanent pour les hommes après de nombreux siècles. Les conférences épiscopales nationales et les diocèses avaient alors été libres de décider s’ils voulaient le mettre en œuvre, comme c’est le cas en Allemagne depuis 1968, a expliqué Nathalie Becquart.
La théologienne américaine Phyllis Zagano est, pour sa part, confiante. Pour elle, le diaconat féminin n’est qu’une question de temps. Une probabilité que de nombreux officiels du Vatican lui auraient également confirmé. Elle affirme que si une conférence épiscopale nationale en décidait elle-même, elle n’aurait qu’à l’annoncer au Vatican, «et Rome serait d’accord».
Les participantes à la journée de Spire étaient néanmoins réalistes: «Nous n’en sommes pas encore là et la décision n’est pas entre nos mains», a commenté Brigitte Schmidt. «Voyons ce qui se passe dans le synode mondial – nous avons confiance en la force de l’Esprit de Dieu», a assuré l’Allemande de 65 ans. «Comment cette Église peut-elle se passer du grand don apporté par les femmes? Elles qui sont si profondément enracinées spirituellement dans leur relation avec le Christ?», se demande-t-elle. «Le fait que cela ne soit pas valorisé et reconnu ne cesse de blesser les femmes.» (cath.ch/kna/arch/rz)
Raphaël Zbinden
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