Évangile de dimanche: Que faisons-nous de notre origine?

La Parole, en ce Temps pascal, nous rappelle les racines de notre humanité: nous sommes appelés à l’amour, à la joie et à l’amitié, quand bien même les images de notre monde nous en crient le contraire.

Cet appel nous précède et légitime l’Espérance qui nous habite. Oui, c’est bien la question de l’origine qu’il nous faut sans cesse méditer. Celle qui me fait avancer, découvrir que je suis un être crée pour le bonheur, libre, appelé à aimer, à vivre pleinement et à rencontrer les autres… tout ce chemin de vie s’origine dans une seule réalité qui me porte, quand bien même n’en suis-je pas toujours conscient: l’amour de Dieu.

A l’origine, il y a une alliance, une promesse, c’est-à-dire un lien indéfectible entre Dieu et nous qui résiste à toutes nos infidélités, nos absences, nos refus, nos doutes. À l’origine est l’amour et rien d’autre. Cela est fondamental pour comprendre et concevoir notre propre existence aux yeux de nos frères et au regard de Dieu.

«La question de Dieu qui résonne depuis le commencement est «où es-tu?»»

La question de Dieu qui résonne depuis le commencement dans le profond de notre cœur n’est pas qu’as-tu fait?
mais «où es-tu?» (Gn 3, 9). C’est lui qui nous aime en premier et son amour est fidèle.

Pâques a définitivement accompli cette alliance et cette promesse. Ce Temps pascal nous le rappelle pour nous aider à en découvrir, dans nos vies, l’extraordinaire dynamique de conversion.

Jésus nous en parle aujourd’hui au travers de son Évangile avec une puissance de tendresse particulière «comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés» (v.9). Le terme de commandement peut nous paraître déplacé s’il s’agissait effectivement de vivre l’amour comme un commandement. Cette insistance est ailleurs. Jésus nous connaît. Il identifie le danger fondamental qui guette ses apôtres, puis ses disciples, puis toutes les générations suivantes jusqu’à la fin des temps: notre difficulté à aimer comme lui nous aime.

Nous sommes là au cœur de ce souffle de conversion qui doit creuser nos chemins personnels, notre humanité désorientée et nos églises chrétiennes: combien de déchirures, combien de scandales, combien de trahisons, de dissensions,…

L’insistance de Jésus – avec cette forme particulière qu’il nous redit aujourd’hui «Mon commandement le voici: aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés» –tient dans cette impensable relation que nous avons avec lui, celle d’être appelé ses amis… Sommes-nous conscients que nous sommes partie prenante depuis l’origine d’un lien d’amour avec Dieu?

«Jésus ne nous demande pas de l’aimer, mais de demeurer dans son amour, qui vient du Père»

Avez-vous également remarqué: Jésus ne nous demande pas de l’aimer mais de demeurer dans son amour, car cet amour vient du Père. Il ne demande pas de rendre l’amour qu’il a pour nous, de l’aimer, Lui. Il nous demande de nous laisser envelopper, de nous «couler» dans cet amour mystérieux et de ne rien faire qui puisse briser cette demeure. Nous appartenons à un don qui nous dépasse.

C’est là l’expression la plus haute du don. C’est notre vocation de tout baptisé, de tout être humain: «Il n’est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime». Cela participe de la dignité de tout être humain.

Ce don ne nous amène-t-il pas à une forme de pauvreté mais aussi à une grande liberté. Il y a là une fécondité et une joie intérieure dont beaucoup d’hommes et de femmes dans le monde sont des témoins aujourd’hui.

Là est le sens profond de la Bonne nouvelle depuis l’origine: «Je vous appelle mes amis». Vivons de cette certitude de la Foi.

Frère Michel Fontaine OP | Vendredi 3 mai 2024


Jn 15, 9-17

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Comme le Père m’a aimé,
moi aussi je vous ai aimés.
Demeurez dans mon amour.
Si vous gardez mes commandements,
vous demeurerez dans mon amour,
comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père,
et je demeure dans son amour.
Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous,
et que votre joie soit parfaite.
Mon commandement, le voici :
Aimez-vous les uns les autres
comme je vous ai aimés.
Il n’y a pas de plus grand amour
que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.
Vous êtes mes amis
si vous faites ce que je vous commande.
Je ne vous appelle plus serviteurs,
car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ;
je vous appelle mes amis,
car tout ce que j’ai entendu de mon Père,
je vous l’ai fait connaître.
Ce n’est pas vous qui m’avez choisi,
c’est moi qui vous ai choisis et établis
afin que vous alliez,
que vous portiez du fruit,
et que votre fruit demeure.
Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom,
il vous le donnera.
Voici ce que je vous commande :
c’est de vous aimer les uns les autres. »

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