«En 40 ans, Silsilah a rencontré des milliers d’amis musulmans et chrétiens, principalement à Mindanao, mais aussi dans d’autres régions des Philippines et du monde. C’est une expérience qui a porté des fruits et qui a été progressivement appréciée pour sa valeur universelle», a expliqué à l’agence Fides le Père Sebastiano D’Ambra, son cofondateur.
Cette initiative, née en 1984 dans le sud des Philippines, est considérée par l’Église du pays comme un «phare» de la réconciliation, aux Philippines mais aussi dans le monde entier.
Dans le «Village de l’Harmonie», à la périphérie de Zamboanga City, chrétiens et musulmans vivent ensemble, partagent des moments de prière et de formation, et surtout une vision de la vie visant au dialogue et à la paix. La «spiritualité de la vie en dialogue» proposée par Silsilah a attiré au fil des ans des milliers de croyants chrétiens et musulmans, qui ont participé aux formations proposées par le mouvement. La personne en chemin vit ce dialogue sur quatre plans: avec Dieu, avec soi-même avec le prochain et avec la création. D’où les «œuvres de miséricorde» qui ont fleuri au sein du mouvement au fil des ans, unissant chrétiens et musulmans, note Fides.
Il y a donc eu bien des événements joyeux Silsilah, «mais nous ne pouvons surtout pas oublier le martyre du Père Salvatore Carzedda, tué dans cette ville le 20 mai 1992», évoque le Père D’Ambra, missionnaire italien de l’Institut Pontifical pour les Missions Étrangères (PIME). Malgré les menaces de certains groupes radicaux, Silsilah a dit alors, «avec une grande détermination», Padayon! Allons de l’avant!
Avec environ 76 millions de fidèles, les Philippines abritent la troisième plus grande population catholique du monde, derrière le Brésil et le Mexique: 90% des habitants sont chrétiens, dont plus de 80% catholiques et 9% de protestants. Enclavés principalement à Mindanao, les musulmans, qui représentent 7% de la population, trouvent difficilement leur place. Des violences antichrétiennes ont régulièrement, mais épisodiquement lieu, sur cette île en particulier.
Après un demi-siècle de guérilla séparatiste, réclamant la création d’une région semi-autonome musulmane dans le sud du pays, et 17 ans de négociation, le gouvernement de Manille et le principal mouvement rebelle, le Front Moro Islamique de Libération, ont signé en 2014 un accord de paix. Mais le 21 janvier 2019, après le rejet du référendum sur l’autonomie de cette province, les attentats ont repris, comme celui qui a frappé quelques jours après la cathédrale de Notre-Dame du Mont-Carmel, sur l’île de Jolo, dans la province de Sulu. (cath.ch/fides/lb)
Lucienne Bittar
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