Après l’exode forcé en septembre 2023 des 120’000 Arméniens du Haut-Karabakh (appelé Artsakh par les Arméniens), l’Azerbaïdjan poursuit inéluctablement la destruction du patrimoine arménien de cette région du Caucase du Sud.
La volonté d’éradiquer jusqu’au souvenir de la présence multiséculaire des Arméniens dans cette région est un véritable «acte de négationnisme historique», dénonce l’Œuvre d’Orient. La destruction de cette église connue sous le nom de Kanatch Jam, érigée en 1818 et témoin de l’histoire de la région, a été mise en œuvre suite au départ forcé des Arméniens de cette région où leur présence était multiséculaire.
C’est «une poursuite du génocide de 1915», dénonce cette association chrétienne française basée à Paris fondée en 1856 pour venir en aide aux Églises orientales.
«En ces jours de mémoire du génocide contre les Arméniens, nous sommes profondément attristés de constater la destruction de l’église Saint Jean-Baptiste, (qui) a été délibérément rasée, marquant une nouvelle tragédie dans le contexte de l’annexion du Haut-Karabakh par l’Azerbaïdjan».
L’Œuvre d’Orient estime «impératif que la communauté internationale condamne fermement ces actes de destruction et de déni de l’histoire». «Nous appelons également à une action concertée pour assurer la protection des biens culturels et religieux des communautés dans la région, conformément à la convention de la Haye de 1954, ratifiée par l’Azerbaïdjan en 1993». L’Œuvre d’Orient demande à l’Azerbaïdjan d’accepter la mission d’experts indépendants de l’UNESCO.
«Si l’Azerbaïdjan était de bonne foi, il laisserait l’UNESCO mener des missions d’enquête sur l’état du patrimoine. Parce que l’Azerbaïdjan tient à un double discours: d’un côté, il se présente comme soucieux de maintenir le patrimoine et de l’autre, il ne laisse pas les observateurs venir le constater sur le terrain», déplore Mgr Pascal Gollnish, directeur général de l’Œuvre d’Orient.
En fuyant l’offensive meurtrière des forces armées azerbaïdjanaises, les Arméniens ont laissé derrière eux un héritage culturel témoignant d’un riche patrimoine témoin de la foi chrétienne dans cette région du Caucase du Sud. Une liste officielle établie à l’époque soviétique recense plus de 4’000 monuments, dont une grande partie de la première moitié du Moyen Âge. Parmi ceux-ci, 33 monastères, 252 églises, 83 chapelles, 1’840 khatchkar («des pierres à croix», caractéristiques de l’art arménien) et 218 cimetières, rappelle le quotidien français «La Croix».
Mgr Pascal Gollnisch relève qu’à Stepanakert – qui fut la capitale arménienne du Haut-Karabakh avant qu’elle ne soit rebaptisée Khankendi par les Azéris – «la rue principale a été rebaptisée Rue Enver Pacha, du nom de l’un des trois organisateurs du génocide de 1915» qui coûta en Turquie la vie à près de 1,3 million d’Arméniens.
L’Œuvre d’Orient dénonce d’autre part la détention illégale d’Arméniens du Haut-Karabakh. Présente à Erevan et en lien constant avec des organisations internationales arméniennes et les membres de la diaspora, elle détient une liste sur laquelle figure une vingtaine de noms, ceux de miliaires et de civils arméniens, dont huit hauts responsables, faits prisonniers par les troupes azerbaidjanaises lors de l’offensive qui permis à Bakou de prendre le contrôle du Haut-Karabakh en septembre dernier. (cath.ch/be)
Jacques Berset
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