Recevant les grands-parents, François dénonce «la culture du rejet»

Le pape François, en rencontrant quelque 6’000 grands-parents et petits-enfants italiens, dans la salle Paul-VI du Vatican, le 27 avril 2024, s’est une nouvelle fois insurgé contre «la culture du rejet», insistant sur l’importance d’accueillir la dépendance, notamment celle due à l’âge.

Cette rencontre, intitulée «La caresse et le sourire», était organisée à l’initiative de la Fondation Grand Âge, qui s’inspire des valeurs chrétiennes et évangéliques pour promouvoir et garantir les droits de la personne âgée et les devoirs correspondants de la communauté. Elle visait à mettre en valeur le lien et le dialogue entre les générations, notamment entre les grands-parents et les petits-enfants.

Personne ne doit être contraint à «finir ses jours tout seul»

Le pontife de 87 ans a souhaité que personne ne soit contraint à «finir ses jours tout seul». Il a fustigé «un grand risque pour notre époque: la pauvreté de l’isolement et de l’égoïsme». Les expressions de «monde des jeunes» ou «monde de vieux» sont erronés, selon François, car «le monde n’est qu’un» et «il est constitué de nombreuses réalités qui sont différentes précisément pour pouvoir s’aider et se compléter». Il a souligné l’importance des relations entre les générations pour faire grandir l’amour.

Après des témoignages et quelques chants, le pape François a lu un discours devant les participants, dans lequel il a souligné la nécessité de prendre soin des plus anciens. Son discours s’articulait autour de l’amour: qui rend meilleur, enrichit et rend plus sage.

Rendre le monde meilleur

D’abord, le pape a expliqué l’importance de la figure de sa propre grand-mère qui lui a transmis la foi catholique. Il a insisté sur l’importance de partager l’amour: «vous vous rendez meilleurs les uns les autres en vous aimant». Mais cette grand-mère, chère au cœur de François lui a aussi raconté une histoire qui l’a bouleversé et dont il se souvient encore.

«C’est d’elle que j’ai entendu l’histoire de cette famille où le grand-père, parce qu’il ne mangeait plus bien à table et se salissait, n’était plus le bienvenu à table et devait manger seul. Ce n’était pas bien, c’était même très mal! Plus tard, le petit-fils a bricolé pendant quelques jours avec un marteau et des clous, et lorsque papa lui a demandé ce qu’il faisait, il lui a répondu: ›Je te construis une table, pour que tu puisses manger tout seul quand tu seras vieux’».

Contre la culture du rejet, François a insisté sur l’importance d’accueillir la dépendance, notamment celle due à l’âge, et a critiqué l’inhumanité de la solution des maisons de retraites, dans lesquelles, parfois, «les personnes âgées sont laissées seules et doivent passer les dernières années de leur vie loin de leur maison et de leurs proches». Il a renouvelé sa demande d’un monde qui voit les années qui passent comme «un atout qui grandit et qui enrichit le monde».

Le témoignage des anciens

Enfin, s’adressant aux plus jeunes, François leur a demandé d’écouter leurs aînés, «surtout lorsqu’ils vous enseignent, avec leur amour et leur témoignage, à cultiver les affections les plus importantes, qui ne s’obtiennent pas par la force, n’apparaissent pas avec le succès, mais remplissent la vie».

«Les générations, les peuples, et toutes les différences, si elles sont harmonisées, peuvent révéler, comme les faces d’un grand diamant, la merveilleuse splendeur de l’homme et de la création. C’est aussi ce que votre rencontre nous enseigne: ne pas laisser la diversité créer des fossés entre nous!»

Le pape François évoque ensuite les figures des deux personnes âgées qui reconnaissent Jésus lorsque ses parents le présentent au Temple: Anne et Siméon, que le pape se plait à imaginer comme des grands-parents. Comme elles, «les personnes âgées voient loin, parce qu’elles ont vécu tant d’années et qu’elles ont tant à enseigner», a souligné le pontife argentin, assurant que c’est son grand-père, ancien soldat de la Première Guerre mondiale qui lui avait fait comprendre l’horreur de la guerre.

Une grande famille

Il a ensuite célébré l’importance de la relation entre les générations et des liens familiaux, à l’image du Christ qui, sur la croix, offre sa Mère à Jean et offre Jean comme fils à Marie. Pour le pape, cet épisode évangélique commande aux chrétiens de s’aimer «comme une grande famille».

«Lorsque vous, grands-parents et petits-enfants, vieux et jeunes, êtes ensemble, lorsque vous prenez soin les uns des autres, votre amour est une bouffée d’air pur qui rafraîchit le monde et la société et nous rend tous plus forts, au-delà des liens de parenté».

Les petits-enfants encouragés à apprendre des séniors

Constituée en 2023, la fondation papale Età Grande (Grand Âge) a pour objectif la promotion des droits des personnes âgées. Elle a son siège au palais Saint-Calixte – propriété du Vatican – et est présidée par Mgr Vincenzo Paglia, par ailleurs président de l’Académie pontificale pour la Vie. S’inquiétant pour les personnes âgées qui «doivent passer les dernières années de leur vie loin de chez eux et de ceux qu’ils aiment», François a encore souhaité «un monde où personne ne doit avoir peur de finir ses jours tout seul». Et d’avertir: «La marginalisation des personnes âgées […] corrompt toutes les saisons de la vie, pas seulement la vieillesse».

Le pape s’est aussi tourné vers les petits-enfants, les encourageant à apprendre des séniors «à cultiver les affections les plus importantes, qui ne s’obtiennent pas par la force, qui n’apparaissent pas avec le succès, mais remplissent la vie». « Les personnes âgées portent des lunettes […] mais elles voient loin !», a-t-il lancé. Au terme de la rencontre, le pape François a été symboliquement baptisé «grand-père du monde» par l’acteur Lino Banfi, connu dans la Péninsule comme le «grand-père de l’Italie». Avant de prendre congé, le pontife a pris le temps de sillonner en fauteuil roulant les allées de la Salle Paul VI à la rencontre des participants. (cath.ch/vaticannews/imedia/ak/be)

Jacques Berset

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