Bernard Litzler pour cath.ch
Comment aligner sa vie de foi et sa responsabilité de dirigeant d’entreprise? La question a trouvé des éléments de réponse durant le Forum des décideurs chrétiens, quatrième édition. Des interventions courtes et percutantes ont rythmé la journée organisée à l’Hôtel Aquatis, voisin du grand aquarium des hauts de Lausanne. Leur point commun: la manière dont «le business peut être ›croché’ au Royaume de Dieu et à son avancée», selon l’expression du professeur d’éthique Michaël Gonin, doyen de la Haute école de théologie HET-Pro de St-Légier (VD).
«Nous sommes un comité de six personnes qui organisons le Forum, confie Christian Willi, directeur de l’ONG Compassion. Cette année, nous avons choisi de travailler sur le thème de la croissance responsable. Comme à chaque édition, on est allé chercher les personnes correspondant au thème et ayant un apport positif. Et cela donne un bouquet de fleurs qui correspond à cette réalité.»
«J’ai pu percevoir le feu, leur joie de vivre et la volonté d’aller de l’avant pour évangéliser, aussi dans le milieu professionnel.»
Alexandre Python
Résultat, un bouquet varié et chatoyant: de Claudio Minder, patron des chaussures Joya, à Nicolas Suter, député PLR au Grand Conseil vaudois, en passant par Vivienne Tardieu, directrice senior de Ferring Pharmaceuticals, ou André Burgdorfer, fondateur et directeur de la Fontanelle, centre d’accueil pour ados en difficultés, une quinzaine de chefs d’entreprise et dirigeants d’institutions ont abordé leur parcours professionnel et croyant, sans cacher les difficultés inhérentes aux fonctions de responsable.
Nouveau venu, Alexandre Python, directeur de l’agence de voyages Ad Gentes et libraire chrétien à Genève. Il confie être stimulé par «la rencontre avec d’autres décideurs chrétiens, avec leurs soucis, leurs joies et leurs peines». Il a pu «percevoir le feu, leur joie de vivre et la volonté d’aller de l’avant pour évangéliser, aussi dans le milieu professionnel. L’Eglise évangélique est très présente ici et les témoignages sont intéressants et inspirants, car ils émanent de personnes qui ont les pieds sur terre et qui ne disent pas juste: c’est super, Dieu est béni, mais qui passent parfois par bien des difficultés».
Le programme a permis en début d’après-midi aux 200 participants de faire connaissance grâce à des échanges rapides. Sur le modèle du speed dating (rencontres expresses en cinq minutes), l’assemblée répartie en petits groupes de 4-5 personnes a été provoquée, sur la base de questions du type : comment je vis ma foi dans ma responsabilité de dirigeant ? racontez une courte expérience de la manière de vivre avec le Seigneur dans votre activité professionnelle?
«On est dans le même club autour du Seigneur Jésus et cela donne de la paix.»
Vincent Guyonneau
De son côté, Vincent Claessens, père de six enfants, dont la championne de vélo BMX Zoé Claessens, a évoqué l’accompagnement d’une sportive de haut niveau, dans la perspective des JO de Paris: «Je soutiens mes enfants, dont plusieurs font du BMX, mais je ne les pousse pas. Si Zoé fait une médaille à Paris et qu’elle va se perdre après, mieux vaut qu’elle ne fasse pas de médaille», a confié le Vaudois, également chef d’entreprise, inventeur du réveil pour enfants Kid’Sleep.
Vincent Guyonneau, aumônier en entreprise et en milieu sportif, assistait lui aussi au Forum pour la première fois : «Ce qui m’a interpellé, c’est la part chrétienne dans ses décisions professionnelles, en mettant Dieu au centre comme le principal investisseur. On est dans le même club autour du Seigneur Jésus et cela donne de la paix. Le business nous rassemble, mais on est d’abord des frères et sœurs».
Le dirigeant a apprécié pouvoir demander la prière au petit groupe qui priait dans une salle de l’hôtel: «Pour moi, qui prie souvent pour les autres, je suis allé demander humblement la prière et j’ai reçu une réponse par la bouche d’un frère. Cela construit le corps du Christ, en complémentarité».
Originaire du Niger, le journaliste Illia Djadi est venu de Londres, accompagné par un confrère ivoirien. Cet analyste pour l’ONG chrétienne «Portes ouvertes», qui soutient les chrétiens persécutés, confie avoir apprécié de découvrir «comment Dieu agit dans la vie de ces entrepreneurs chrétiens». «Cela résonne fort, car j’ai envie, dit-il, de voir se lever ces entrepreneurs chrétiens en Afrique. Car l’Eglise a un mandat social pour mieux gérer les ressources et la protection de l’environnement. Et ainsi gérer le bien de la collectivité».
La prochaine édition du Forum des décideurs chrétiens est planifiée dans deux ans. (cath.ch/bl)
De Suisse alémanique en Suisse romande
Christian Willi, organisateur du Forum des décideurs chrétiens, raconte: «Il y a quelques années, j’ai participé au Forum des décideurs chrétiens en Suisse allemande. J’ai trouvé cela vraiment inspirant. Alors, avec deux-trois amis, on s’est lancé. On a réussi à amener des Romands en Suisse allemande, avec 30-40 personnes. Puis on a proposé de lancer la formule en Suisse romande».
«Les intervenants ne viennent pas avec des théories, mais l’expérience de terrain a nourri leur réflexion. Je me souviens d’une déclaration d’une personnalité qui avait dit: ‘Toutes les sociétés ont des valeurs, mais ce dont les sociétés ont besoin, ce sont des gens de vertu’». BL
Rédaction
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