Comme il l’avait annoncé la veille, Mgr Josef Bonnemain était présent aux funérailles de Mgr Vitus Huonder, évêque émérite de Coire. «J’ai pris la décision seul de venir simplement prier pour un ancien évêque défunt», a confié l’évêque de Coire à cath.ch, à l’issue de la célébration. Arrivé peu avant le début de la célébration, il a retrouvé au premier rang de l’église, parmi les fidèles, Mgr Marian Eleganti, évêque auxiliaire émérite de Coire.
«Je suis présent par piété. Il était mon évêque, il m’a ordonné et pour moi ce n’est pas une question politique, mais de reconnaissance et d’amitié», a indiqué Mgr Eleganti à cath.ch. Son statut d’évêque émérite l’a dispensé de toute consultation préalable de ses anciens confrères.
Ni l’un ni l’autre n’ont communié. «Cela aurait été étrange de recevoir l’eucharistie ici», explique l’ancien évêque auxiliaire de Coire, vêtu d’une soutane. Mgr Bonnemain, habillé en civil, a expliqué qu’il était allé à la messe le matin et que ce n’était pas nécessaire puisqu’il ne concélébrait pas. «Jusqu’au bout, j’ai fait part de mes doutes à Vitus Huonder sur sa décision de se faire inhumer à Ecône, mais je me devais de respecter ses dernières volontés. Je ne connais pas ses motivations, mais je ne porterai aucun jugement.»
Retenant brièvement «son amabilité et sa sérénité et citant un esprit qui n’était ni critique ni revanchard», Mgr Bernard Fellay, évêque auxiliaire de la Fraternité sacerdotale saint Pie X (FSSPX), qui a présidé la messe, est revenu sur la décision de Mgr Huonder de se faire enterrer à Ecône. Dans l’hommage – mâtiné d’un plaidoyer pro domo – qu’il a rendu à Vitus Huonder, Mgr Fellay a insisté sur cette volonté «qui nous réjouit, mais choque plus d’un». Le célébrant a évoqué un acte de sa vie décisif, «un acte posé sur terre qui décide de notre éternité. Il est bien conscient lorsqu’il dit ‘je veux être enterré ici’». Une décision qu’il ne faut pas confondre avec un acte de rejet de l’Eglise, a-t-il précisé.
Cette décision, selon Bernard Fellay, découle du chemin parcouru par l’ancien évêque de Coire, qui aurait trouvé, «le mystère» au gré de ses contacts avec la fraternité et de la lecture des écrits de Mgr Lefebvre. En effet, argumente Mgr Fellay, «nous sommes perçus comme un signe de contradiction, une réalité qui contient un mystère qui dépasse la fraternité: cette tradition de laquelle l’Eglise ne peut se séparer, sous peine de mourir. «Ces moyens divins qui font vivre l’Eglise, qui sont aussi des trésors, mis de côté et abandonnés, sont résumés dans cette tradition», insiste Mgr Fellay. Vitus Huonder aurait trouvé ces trésors qu’il a «partagés et vécu avec nous».
La célébration s’est déroulée dans une atmosphère recueillie. Environ 400 personnes ont assisté à la messe de sépulture. Nombre d’entre elles sont venues de Suisse alémanique et d’Allemagne. Les 150 enfants de l’école de Wangs (SG) étaient présents avec leurs professeurs, de même que les séminaristes de Flavigny (France) et d’Ecône. Des prêtres et religieuses ont également assisté à la messe.
La longue procession qui avait déposé le cercueil dans l’église a pris le chemin du caveau de la fraternité. Avant l’inhumation, les fidèles lui ont rendu un dernier hommage. L’ancien évêque de Coire repose aux côtés de 14 autres prêtres de la fraternité.
La messe de requiem de Mgr Huonder sera célébrée le 19 avril dans la cathédrale de Coire. Mgr Bonnemain invite «chaleureusement tout le monde». (cath.ch/bh)
Bernard Hallet
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