140 leaders chrétiens dénoncent la «complicité» des États-Unis à Gaza

Plus de 140 dirigeants chrétiens d’Eglises du monde entier ont appelé à un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza et à la fin du soutien militaire étranger à Israël. Ils ont interpellé le président américain Joseph Joe Biden concernant «la complicité des États-Unis dans les violences en cours».

Parmi les signataires, on note les noms des évêques présidents de l’Église épiscopalienne des Etats-Unis et de l’Église évangélique luthérienne d’Amérique ainsi que le cardinal guatémaltèque Alvaro Ramazzini Imeri, archevêque de Huehuetenango. Tout au long de la lettre, les dirigeants font référence à la Semaine Sainte, où les chrétiens commémorent l’exécution et la résurrection de Jésus-Christ. «Nous savons que Jésus lui-même était parmi ceux qui souffraient et qu’il a réconforté ceux qui avaient le cœur brisé», écrivent les dirigeants chrétiens.

Les massacres doivent cesser

«Nous, en tant que dirigeants chrétiens du monde entier, sommes aux côtés de nos frères et sœurs en Christ en Palestine et dans le monde et disons que les massacres doivent cesser et que la violence doit cesser», ont-ils écrit dans leur lettre de la Semaine Sainte citée par Episcopal News Service, le service d’information de l’Église épiscopalienne des Etats-Unis à New York.

«Les actions horribles commises par le Hamas le 7 octobre ne justifient en aucun cas la mort massive de dizaines de milliers de civils à Gaza aux mains de l’armée israélienne», écrit Michael Curry, évêque président de l’Église épiscopalienne des Etats-Unis. Dans leur lettre, les dirigeants chrétiens déclarent qu’ils ont constamment appelé à la libération des otages israéliens et qu’ils ont été «clairs dans leur condamnation» de l’attaque du Hamas du 7 octobre, la qualifiant de «crime atroce».

Ils appellent également à la libération des prisonniers politiques palestiniens détenus sans procédure régulière, à «une aide humanitaire immédiate et adéquate» pour Gaza et à un règlement négocié qui s’attaque aux conséquences profondes du conflit, notamment «la sécurité et l’autodétermination des Israéliens et des Palestiniens».

Génocide potentiel des Palestiniens à Gaza

Dans un texte séparé spécifiquement adressés au président Biden, les signataires ont écrit: «Nous vous implorons d’avoir le courage moral de mettre fin à la complicité des États-Unis dans les violences en cours et, à la place, de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour empêcher un génocide potentiel des Palestiniens à Gaza».

Les dirigeants soulignent le nombre élevé de morts à Gaza, le début de la famine et le procès visant Israël pour génocide devant la Cour internationale de Justice (CIJ). Alors que la dévastation, les bombardements et l’invasion terrestre en cours à Gaza se poursuivent dans leur sixième mois, les Palestiniens, y compris nos frères et sœurs chrétiens palestiniens, crient au monde en demandant: «Où es-tu ?»

Des signataires venant du monde entier  

«Nous nous repentons de la manière dont nous n’avons pas été aux côtés de nos frères et sœurs palestiniens pour témoigner fidèlement au milieu de leur chagrin, de leur agonie et de leur tristesse», lit-on dans la lettre, qui souligne les principes chrétiens de «fidélité à Dieu, d’amour du prochain et de miséricorde» envers ceux qui souffrent et dans le besoin.

Les signataires de la lettre viennent des États-Unis, du Canada, d’Amérique latine, d’Europe, d’Afrique, d’Asie et d’Australie. Ils représentaient un large éventail de groupes chrétiens, notamment des évêques catholiques, des religieuses catholiques, des quakers, des mennonites, des évangéliques, de l’Église chrétienne (Disciples du Christ), de l’Église d’Angleterre, de l’Église d’Écosse, de l’Église épiscopalienne, des chrétiens orthodoxes d’Antioche et des dirigeants de l’Église Unie du Christ, des Églises Méthodiste Unie, presbytérienne (États-Unis), évangélique luthérienne d’Amérique, méthodiste d’Afrique australe, réformée unie, presbytérienne africaine Bafolisi, chrétienne réformée d’Amérique du Nord ainsi que de l’Église arménienne d’Amérique (orientale), de la Convention de la mission baptiste étrangère de Lott Carey, et de l’Église des frères.

Israël dans le collimateur de la Cour internationale de Justice

La CIJ vient d’ordonner une nouvelle fois à Israël d’empêcher la famine qui s’installe à Gaza, enjoignant à l’Etat hébreu de garantir la fourniture d’eau et de nourriture à la population de l’enclave palestinienne, qui, selon Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, endure «des niveaux effroyables de faim et de souffrance». Il a déploré la décision d’Israël d’empêcher l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) d’acheminer les aides vitales à Gaza. Il s’agit d’une famine provoquée intentionnellement par l’Etat hébreu, dénoncent plusieurs ONG.

La semaine dernière, Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a affirmé qu’Israël est responsable d’une famine imminente à Gaza, et Jens Laerke, porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies, a prédit que bientôt plus de 200 personnes pourraient mourir de faim chaque jour. En janvier, la Cour internationale de Justice trouvé qu’il était «plausible» que les actes d’Israël aient violé la Convention sur le génocide et ordonné qu’Israël garantisse l’accès de l’aide humanitaire à Gaza.  (cath.ch/ens/onu/be)

 

Jacques Berset

Portail catholique suisse

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