Des squelettes pourraient permettre de mieux connaître saint Gall

Plusieurs squelettes datant du début du Moyen-Âge ont été découverts à la Markzplatz de Saint-Gall lors de travaux, rapportent les autorités cantonales le 21 mars 2024. Pour Cornel Dora, bibliothécaire de l’Abbaye de St-Gall, la découverte pourrait donner des renseignements précieux et inédits sur le monastère et son fondateur, saint Gall.

Regula Pfeifer, kath.ch/traduction et adaptation : Raphaël Zbinden

Comment avez-vous réagi lorsque vous avez appris que les squelettes dataient du 7e au 9e siècle?
Cornel Dora: J’ai été très enthousiasmé. Nous avons à Saint-Gall une richesse unique de sources écrites, mais comparativement peu de données archéologiques. Or, il est intéressant de constater que les découvertes faites lors des fouilles confirment souvent ce que nous rapportent les récits, surtout les plus anciens. Ces sources sont toutefois encore lacunaires. Tout ce qui vient s’y ajouter nous aide à mieux comprendre l’histoire de notre ville. La contribution des archéologues est très importante.

Saint Gall (en latin Gallus), né en Irlande vers 550 et mort 646, est considéré comme le fondateur de l’Abbaye de Saint-Gall. Selon la tradition, il a fait partie des douze moines qui ont accompagné saint Colomban dans sa démarche d’évangélisation de la Gaule. RZ

Selon le service archéologique cantonal, deux squelettes sont ceux d’hommes adultes. Pourrait-il s’agir de moines de l’Abbaye de Saint-Gall?
Ce n’est pas exclu, mais ce n’est pas non plus une certitude. Il y avait déjà des habitants profanes dans la cité de Gallus, qui vivaient depuis le 7e siècle en marge de l’abbaye. Des recherches plus approfondies permettront peut-être d’en avoir le cœur net. En principe, la situation est quelque peu différente selon que les squelettes appartiennent au 7e ou au 9e siècle. Mais, sur la base des premiers rapports, la datation n’est pas encore certaine.

«L’image traditionnelle de saint Gall en tant qu’ermite est largement fausse»

S’il s’agissait finalement de moines, vous engageriez-vous pour que les ossements gardés dans la bibliothèque de l’Abbaye soient mis à disposition pour une exposition permanente?
Non, ce n’est pas une priorité. Les fouilles sont du ressort du service cantonal d’archéologie de Saint-Gall, qui réalise cette tâche. Et le service collabore en premier lieu avec le Musée de la culture, qui dispose d’un département d’archéologie. De telles choses doivent être bien planifiées et avoir un sens. Il faut faire preuve de prudence, d’autant plus qu’il s’agit de dépouilles humaines qu’il convient de respecter. Même si j’estime qu’il serait erroné de ne plus exposer de restes humains pour cette raison. La mort fait finalement partie de la vie.

Quelles nouvelles connaissances espérez-vous acquérir grâce à cette découverte concernant l’histoire de l’Abbaye?
Il y a un peu plus de dix ans, les fouilles autour du monastère ont révélé des éléments très précieux. Ils ont notamment prouvé que saint Gall n’était probablement un ermite qu’au début de son installation ici. Très vite, il a rassemblé un groupe de moines autour de lui et a fondé un premier monastère qui a acquis très tôt une grande importance, en tout cas au niveau régional.

C’est exactement ce que nous racontent les sources écrites les plus anciennes. L’image traditionnelle de saint Gall en tant qu’ermite est donc largement fausse, bien qu’elle subsiste dans de nombreuses têtes. Les découvertes faites à la Marktplatz constituent une nouvelle pièce du puzzle, qui nous aide à reconstituer le tableau d’ensemble. (cath.ch/kath/rp/arch/rz)

Rédaction

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