Péché, sexe et salut: le corps humain au centre d’une exposition

Le Musée national de Zurich présente une exposition sur le corps et sa perception dans le Moyen-Âge catholique. Une relation aux multiples facettes.

Annalena Müller, kath.ch/traduction et adaptation : Raphaël Zbinden

Le corps abrite à la fois l’âme et le péché. La représentation et le traitement du corps humain au Moyen-Âge permettent de jeter de multiples lumières sur la culture catholique et sur le rapport complexe de l’homme à sa condition. Le Musée national de Zurich se penche sur ce thème jusqu’à la mi-juillet 2024, avec l’exposition temporaire begehrt. umsorgt. gemartert. Körper im Mittelalter. (désiré. soigné. martyrisé. le corps au Moyen-Âge).

Divin et pécheur

Dieu a créé le corps humain au paradis, avant de l’en chasser. Depuis, le corps doit enfanter dans la douleur et gagner son pain «à la sueur de son front». Mais ce corps abrite également l’âme. Et en tant que création à l’image de Dieu, il doit faire l’objet d’un soin particulier. Cette tension a longtemps marqué le rapport des humains à leur corps. Elle a été particulièrement marquée au Moyen-Âge, lorsque l’Église façonnait la représentation du monde.

Désir, martyre, vanité

Les représentations médiévales du désir érotique avec un arrière-plan moralisateur sont multiples. Parallèlement, le corps torturé de Jésus sur la croix et l’idéal de la Vierge Marie étaient au centre de l’art chrétien, complétés par des représentations des martyrs exécutés de diverses manières. Les parties de leur corps étaient vénérées comme des reliques et promettaient aux croyants la guérison, une bonne récolte ou même une grossesse.

Mais les gens s’occupaient aussi de leur corps dans la vie quotidienne profane. Les femmes et les hommes des classes supérieures n’étaient pas moins vaniteux qu’aujourd’hui. Ils se poudraient la peau, se teignaient les cheveux et s’enveloppaient de parfums raffinés. Les activités sportives étaient également très appréciées et considérées comme bénéfiques pour la santé. En ville comme à la campagne, hommes et femmes s’amusaient à courir, sauter et danser les jours de fête.

Conseils de fitness et réalité

L’exposition montre que peu de choses que nous attribuons à l’esprit du temps actuel sont vraiment des nouveautés. Au Moyen-Âge déjà, les conseils médicaux pour un corps sain ne manquaient pas. Il existait déjà un besoin d’optimisation de soi, mais sous d’autres conditions de connaissances. Au Moyen-Âge, celle-ci se basait sur la théorie des quatre humeurs, dans laquelle le corps devait être maintenu dans un ensemble harmonieux. Les bains, les ventouses et les saignées contribuaient à un équilibre sain de ces humeurs.

Cependant, la plupart des gens n’avaient ni le temps ni les moyens de prendre soin de leur corps. Des conditions de vie difficiles, des travaux physiques pénibles, une mauvaise alimentation et des maladies ont marqué la vie de la grande majorité.

Mort et résurrection

L’on se rendait compte que l’on soit riche ou pauvre, la mort attendait tout le monde à la fin. La conscience de son propre caractère éphémère et les cadavres étaient omniprésents dans la vie des personnes. Dans l’espoir d’une résurrection, on pratiquait déjà de son vivant des rituels mortuaires et on priait pour l’âme des défunts.

La conviction que les hommes retrouveraient leur corps intact et parfait le jour de leur résurrection, à un âge d’environ 33 ans, l’âge de la crucifixion de Jésus, montre à quel point l’image du corps et la religion étaient étroitement liées au Moyen-Âge. (cath.ch/kath/am/rz)

Rédaction

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